Ô JOIE : BAXTER DURY, LE MEILLEUR REPRÉSENTANT ACTUEL DE LA POP BRITISH EST A LA PROGRAMMATION CET AUTOMNE DE DEUX FESTIVALS DU SECTEUR. PLUTOT COOL ET PLUS CLASSE.

Baxter Dury, c’est l’histoire d’un gars élevé sur la route, au gré des tournées, par son chanteur de père, le charismatique Ian Dury, resté célèbre pour son hymne devenu culte Sex and Drugs and Rock and Roll. De cette enfance et de cette adolescence underground, Baxter Dury n’en dit aujourd’hui plus grand-chose, lassé d’avoir longtemps été perçu par les médias et le public comme une bête de foire ayant grandi bien trop vite.

Lors d’une interview accordée au moment de la sortie d’un biopic consacré à son daron l’an dernier, il était néanmoins revenu sur ces débuts chaotiques dans la vie. « Moi et ma sœur avons vécu une enfance extrême, parfois fantastique, parfois horrible (…). Il arrive qu’on se regarde et qu’on se dise “putain, qu’est-ce qu’on a enduré et comment a-t-on fait pour survivre ?˝ »

En 2011, il préfère se dire qu’à l’orée de ses 40 ans, il est enfin sur le point d’être reconnu pour ce qu’il est : un chanteur, et un sacré bon. Après deux premiers albums sortis chez Rough Trade en 2002 et 2005 dans un relatif anonymat, il a pris un récent virage en signant sur le prestigieux label Parlophone. Un déclic.

« Cela m’a permis de me reconcentrer sur ma carrière et de me dire qu’il était peut-être temps d’arrêter les conneries », nous explique-t-il aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas qu’il avait décidé de suivre l’adage du paternel, mais il avoue lui-même s’être parfois laissé aller à la facilité, un peu par paresse. Cette fois, il n’a pas voulu tricher. Un effort pas toujours aisé, comme il le reconnaît : « C’est difficile d’être honnête tout en ayant une musique qui tienne la route. »

De ce travail douloureux sur lui-même est pourtant né un album étonnamment léger, mélodique, doux à l’oreille. « Ne vous y trompez pas, prévient néanmoins Baxter, mes thèmes favoris sont généralement sombres et déprimants, sauf qu’ils sont enveloppés dans une musique faussement enjouée. »

Sorti cet été, Happy Soup a été acclamé par la critique et semble également plaire au public. Il faut dire qu’on tient là un album bien gaulé, neuf morceaux dans la lignée de ce qui se fait de mieux en matière de pop actuelle. Les lignes de synthé font parfois penser au dernier album de Metronomy, les parties de guitare à Joy Division (Picnic on the Edge notamment), l’accent cockney à Jarvis Cocker.

Comme son père, Baxter Dury est un brillant songwriter, au flegme et à l’humour typiquement anglais. Il dit pourtant s’être inspiré d’abord et avant tout de Serge Gainsbourg en travaillant sur ce troisième opus. L’influence tient particulièrement à l’ajout d’une voix féminine, celle de Madelaine Hart, en complément de celle de Baxter. « Ce truc gars/fille, c’est très français comme façon de chanter, j’aime ça. »

Régis Delanoë

Le 10 novembre aux Indisciplinés à Lorient et le 12 novembre au festival Sons d’Automne à Quessoy