TRANS MUSICALES 2013 /// Parti méditer seul dans les Alpes suisses, Pablo Padovani, le guitariste de Melody’s Echo Chamber, est revenu à la civilisation six mois plus tard avec un projet musical aussi barjot que jouissif, baptisé Moodoïd.

Il n’y a que deux sortes de personnes qui partent de leur plein gré s’isoler plusieurs mois en montagne : les bergers et des artistes. Pablo Padovani appartient à la deuxième catégorie. C’est de famille : son père, Jean-Marc, est un saxophoniste jazz de renommée internationale.

Toujours est-il qu’au cours de l’année 2011, le gars Pablo s’est retrouvé à faire l’ermite, groles de rando aux pieds. « J’ai passé six mois du côté de Genève, seul. C’est dans ce contexte qu’est né le projet Moodoïd. Au bout de ces six mois, je suis revenu à Paris avec quelques chansons et une grosse envie de les jouer. »

Avec trois filles

Mais l’ébauche mettra du temps à aboutir. D’abord parce que Pablo est pas mal occupé à jouer les guitaristes pour Melody’s Echo Chamber. Ensuite parce qu’il a galéré pour trouver une formation qui lui convienne. « Non pas que je suis difficile mais c’est pas toujours facile de trouver des musiciens à la fois intéressés par un projet et suffisamment disponibles. »

Après avoir subi de multiples changements, le line-up s’est stabilisé depuis juillet dernier avec trois filles pour l’accompagner sur scène. « Ce n’est pas vraiment un hasard. J’avais beaucoup joué avec des mecs et je voulais changer d’état d’esprit, d’autant que le projet Moodoïd s’y prête bien. »

« Je suis à l’intérieur de toi »

Le projet en question est un joyeux bordel sonore, avec un fond psychédélique, une touche de musique orientale et des paroles en français qui empruntent au surréalisme (« Je suis la montagne / je suis sous des arbres / la tête dans les nuages / je suis à l’intérieur de toi », commence la chanson Je suis la montagne).

Le premier EP 4 titres paru à la rentrée a un côté fastueux. Des Alpes suisses où ils ont été composés, les morceaux ont gardé l’aspect majestueux des grands espaces. « En plus, quand j’ai eu la possibilité d’enregistrer, j’ai eu le syndrome du mec qui découvre les possibilités offertes par un studio et se dit : “merde, c’est génial.” J’ai fait des sessions gigantesques, avec parfois jusqu’à 200 pistes par morceau, ce qui donne ce côté épique. Quand j’ai refilé les maquettes à Kevin Parker (leader du groupe Tame Impala, aux manettes du mixage de l’EP, ndlr), il m’a rappelé dans la foulée en me disant (il imite l’accent australien) : c’est un banquet ! »

Ermite dans le Lot

Sur scène, Pablo et son girl band jouent grimés, avec masques, paillettes et costumes foutraques. Une manière d’être raccord avec la musique jouée. « J’ai été scolarisé dans une école de cinéma, précise le chanteur. Dans chacun de mes groupes, je suis celui qui aime se déguiser et faire le spectacle. »

Mais avant le concert des Trans, Pablo a encore prévu de partir s’isoler quelques temps. « Ce sera dans le Lot cette fois-ci. Le but, c’est d’écrire de nouvelles chansons et d’avoir suffisamment de matière pour enregistrer un premier album. » Album qui devrait sortir dans le courant de l’année prochaine.

Régis Delanoë

Le 5 décembre aux Trans Musicales de Rennes
Parc Expo – Hall 3 –  21h45