Le Goncourt pour Salvayre, le Renaudot pour Foenkinos, le Médicis pour Volodine… En cette période de prix littéraires, nous avons décidé nous aussi de décerner des récompenses aux groupes programmés ce week-end aux Indisciplinées à Lorient. And the winner is…

Prix du groupe le plus attendu : Feu! Chatterton

Depuis quelques éditions, le festival morbihannais réussit à choper le groupe qui rend tout le monde curieux. Après Alt-J en 2012 et Fauve en 2013, c’était cette année au tour de Feu! Chatterton. Le quintet parisien, revélé aux Bars en Trans 2013, a confirmé depuis l’hiver dernier tout le bien qu’on pensait de lui. Un premier EP convaincant et divers prix (Chorus, Inouïs du Printemps de Bourges, Inrocks Lab) qui ont fait monter la mayonnaise sur cette formation. Programmés en tout premier pour la soirée du vendredi à Cosmao, on aurait pu craindre une assistance légère lorsque les cinq garçons sont montés sur scène. Ce ne fut pas le cas, tant ils semblaient les plus attendus du line-up. Et si on peut leur reprocher d’avoir écourté l’apéro de nombreux gaziers dans la salle (qui se rattraperont plus tard, rassurez-vous), leur prestation, où se mêlaient arrangements rock, background jazz et des textes que n’aurait pas renié Bashung, les excusait amplement.

Prix du groupe qu’on va pas regretter : Klaxons

Mon dieu que ça a mal vieilli. Apparue au milieu des années 2000, époque Fluokids et compagnie, la new rave a pu compter sur les Londoniens de Klaxons comme têtes de gondole. Ces derniers ayant même remporté le prestigieux Mercury Prize avec leur album Myths of the Near Future en 2006. Si on était les premiers à bien aimer le titre Atlantis to Interzone, force est de constater que ça ne fonctionne plus des masses aujourd’hui, leur dernier album sorti avant l’été étant passé totalement inaperçu. Un constat sans appel qui explique sans doute la décision du groupe de faire de cette tournée la dernière.

Prix « salatomatoignons » : Acid Arab

Avec leur projet électro-oriental, Hervé Carvalho et Guido Minisky continuent leur tournée des festivals de la région. Après les Trans Musicales, Astropolis et Panoramas, ils étaient ce week-end à Lorient pour tenter de marier définitivement langues arabes et musiques électroniques, ces dernières ayant plutôt la tête tournée vers l’Occident. Résultat ? On n’est clairement pas sur de la grande cuisine mais, comme un kebab en fin de soirée, ça fait jamais de mal. Quelle sauce ? Blanche, chef.

Prix Texas Instruments : The Struts

Glam rock anglais x (Ziggy Stardust + un sosie de Liane Foly²) = hard rock des seventies + les coiffures dans Wayne’s World + √ Queen. Même après plusieurs heures de sommeil, on n’arrive toujours pas à résoudre cette équation où la faute de goût ne semble jamais loin.

Prix Prozac : Bantam Lyons

Vous aimez Les Sardines de Patrick Sébastien ? Ben, Bantam Lyons c’est tout l’inverse. Le rock de ces Bresto-Nantais est sobre, pas hyper joyeux, nous transporte plus à Manchester qu’à Carcassonne, prend aux tripes. En clair, c’est pas pour faire la teuf une plume dans l’cul. Mais c’est bien. Vraiment bien.

Prix Werther’s original : Super Discount 3 live

Quand Etienne de Crécy a sorti sa première compil Super Discount en 1996, une bonne partie du public présent vendredi à Cosmao faisait toujours dans ses couches. Avec cette version 3.0, épaulé d’Alex Gopher et Julien Delfaud, le DJ lyonnais, aujourd’hui âgé de 45 ans, abat les frontières entre les générations en réunissant kids des années 2010 et nostalgiques de la vague French Touch. Merci papy de Crécy.

Prix du dépucelage : Fuzeta

Les premières fois en général, c’est jamais top. Manque d’expérience, trop de pression, peur de mal faire… Il n’en fut rien pour les Vannetais de Fuzeta. Pour leur baptême sur scène, les quatre garçons ont plutôt bien assuré, affichant une maîtrise certaine et un sens mélodique bien affuté. Leur pop d’inspiration ricaine (Band of Horses, Bon Iver, The Shins) semble taillée pour s’imposer et faire face aux prochaines échéances, Trans Musicales en tête. De quoi certainement rassurer Jean-Louis Brossard, présent samedi soir.

Prix Happy Meal: Fakear

Lors de son dernier passage en BZH pour les Vieilles Charrues, on s’était rendu compte que le Caennais jouissait d’une sacrée cote auprès des lycéens. L’impression s’est confirmée à Lorient où il a clos la dernière soirée à Cosmao et su capter l’affluence qui aurait très bien pu se faire la malle pendant Klaxons. Tuut-tuut !

Prix Phil Collins : BRNS

Le chant est une tâche le plus souvent confiée aux guitaristes. Alors quand c’est le batteur qui s’y colle, forcément ça se remarque. Parmi les exemples les plus connus, on se souvient du batteur des Eagles ou encore de Phil Collins. Depuis quelques années, les Belges de BRNS, révélés en France grâce à leur tube Mexico en 2012, font eux aussi partie de ce club. Présents samedi à Lorient pour défendre leur nouvel album Patine (qu’on vous conseille chaudement), les quatre gaziers ont montré une nouvelle fois qu’ils y avaient leur place : ça tape fort et ça tape bien. Et n’oubliez pas :