DSC_0016DEPUIS SIX MOIS DANS LES CÔTES D’ARMOR, UN MARSUPIAL ÉCHAPPÉ DE SON ENCLOS SE BALADE EN PLEINE CAMPAGNE. DU JARDIN DE SON PROPRIO AU DERNIER SPOT OÙ ON L’APERÇU, ON A REMONTÉ LA PISTE. HOUBA HOUBA !

« C’était le lundi 6 mars, à 7 h du matin : un ouvrier de la carrière de la commune m’appelle pour me prévenir qu’il a vu un kangourou sur le bord de la route en allant travailler. Si je l’ai cru ? Je connaissais bien le garçon, donc je n’ai pas mis en doute ce qu’il me disait, même si forcément cela surprend ! » Six mois après cet étonnant coup de fil, l’histoire fait toujours sourire Cyril Jobic, le maire de Calanhel.

Au milieu des champs et des sous-bois, c’est bien un jeune wallaby, un kangourou de petite taille (90 cm max), qui vagabonde autour de ce bourg de 210 habitants des Côtes d’Armor. « Je l’ai moi aussi croisé au bord de la route, complètement par hasard, poursuit l’élu. C’était quinze jours après sa première apparition. J’ai sorti mon téléphone et j’ai même eu le temps de prendre quelques photos à une dizaine de mètres ! Mais quand j’ai voulu me rapprocher, il s’est enfui. »

WALLABY-1Une habitude pour ce wallaby. Rémi Théobald (ci-dessous), habitant de Calanhel et propriétaire de l’animal, confirme. C’est en effet le jour où il a voulu le mettre dans son parc que le marsupial s’est fait la malle. « Venez voir, c’est juste ici, indique-t-il en nous conduisant dans son jardin au lieu-dit de Penn-ar-Pont. Ça s’est passé là : au moment où je l’installais dans son enclos, il m’a sauté par-dessus, avant de se barrer dans la nature. J’ai eu le temps de rien faire… C’était impossible de le rattraper. Un wallaby a beau être petit, ça reste très puissant… »

wallaby-2Depuis, la bête ne cesse de faire des apparitions. Au village, une dizaine de personnes ont déjà croisé son chemin. « Moi, je l’ai vu un soir au mois de mars. Il était en plein milieu de la route. J’ai pilé pour ne pas l’écraser ! Il ne bougeait pas, sans doute effrayé par les phares de ma voiture », se souvient Yvonne Prigent, qui tient le Café de la Poste en plein cœur du bourg.

Après plusieurs semaines de discrétion, c’est à Callac, à 6 kilomètres au sud de Calanhel, que l’animal a refait surface. Une jeune femme de 18 ans a même réussi à le photographier près de la gare. C’est d’ailleurs dans ce quartier que Marylène Hamon, la tenancière du bar La Buvette, l’a elle aussi aperçu.

« C’était un matin, j’allais déposer des sous à la banque. Le wallaby était là, il descendait la route sur ses grandes pattes… Une personne qui l’avait également repéré a contacté les gendarmes, mais c’était trop tard. » « On est intervenu une fois après un appel, mais sans succès, fait savoir Christophe Mosse de la gendarmerie de Callac. Nous n’avons pas organisé de battue car il n’y a rien d’alarmant. Et, pour l’instant, son propriétaire ne s’affole pas… »

« Si j’ai essayé de le récupérer ? Non »

D’après de nombreux témoignages, le wallaby aurait ensuite fait son nid en mai autour de l’étang de la Verte Vallée, toujours à Callac. Un vaste plan d’eau, bordé d’arbres, de buissons et de fougères. Un endroit calme où le petit animal (herbivore) avait tout pour se poser tranquillou bilou… C’est finalement à Saint-Nicodème, à 13 kilomètres de là, qu’il est réapparu fin juin, aperçu par un habitant de la commune. Un road trip à travers les champs que le marsupial ne semble visiblement pas vouloir arrêter.

« Pour le moment, il ne représente pas de réel danger, même s’il est en liberté. La seule crainte, c’est qu’il cause un accident de la route. Là je serais responsable…, concède son proprio, qui semble pour autant avoir clairement lâché l’affaire. Si j’ai essayé de le récupérer depuis ? Non. Même si je le vois, je ne pense pas que j’arriverais à mettre la main dessus… La seule solution si quelqu’un le trouve, ça serait de l’enfermer dans un endroit clos, une grange par exemple. Sinon, on peut essayer de le piquer avec un fusil hypodermique, mais il faut faire attention au dosage de la seringue, pour ne pas le tuer… »

wallaby-3« Autant le laisser dans la nature s’il ne fait pas de dégâts, estime de son côté Cyril Jobic (ci-dessus), tout heureux que cette histoire fasse parler de sa commune. J’ai été interrogé par plusieurs médias : Le Parisien, RTL… Et même par une journaliste de New York ! Tout ça, au final, c’est plutôt marrant. Ce wallaby peut devenir notre mascotte. Avec l’ouverture de la chasse à l’automne, il ne faudrait juste pas qu’on lui tire dessus… »

En Bretagne, ce n’est pas la première fois que des animaux en liberté font parler d’eux. Parmi les cas les plus emblématiques : l’ours de Ploëzal dans les Côtes d’Armor qui, en 1997, avait fait pas mal causer. Pendant plus de deux mois, l’animal avait été recherché. Trois battues avaient été organisées, un hélicoptère déployé et de nombreux habitants mobilisés pour tenter de choper la bête.

« Marcel, y peut pas confondre un ours avec un blaireau »

Vingt ans plus tard, Lucien François, l’ancien maire, n’a rien oublié de cet épisode. « Tout cela a commencé à la fin du mois d’août. Un couple de Parisiens en vacances dans la région expliquait avoir vu un ours à Ploëzal. » L’histoire fait alors le tour du village. La presse s’y intéresse, jusqu’à ce que les gardes-chasses prennent les choses en main. Au lieu-dit Campors, des pièges à base de miel, de poissons et de pommes sont même mis en place pour appâter l’animal. Sans succès.

wallaby-4Mais le vendredi 3 octobre, l’ours est aperçu plusieurs fois. Des cris rauques et puissants sont également entendus. Au hameau de Kerouarn, Marcel Le Calvez, un agriculteur, assure l’avoir vu près de ses clapiers. « Il regardait les lapins. Je suis arrivé. Il a démarré tout de suite, mais tranquillement. En partant, il s’est retourné et m’a regardé. Il était à dix mètres. Il est allé dans la rangée de choux et je l’ai perdu dans la brume », expliquait-il dans les colonnes d’Ouest-France.

Un témoignage crédible ? « Marcel, y peut pas confondre un ours avec un blaireau… », estimait à l’époque le premier adjoint de la commune. Surtout que le même jour, un second agriculteur affirme lui aussi l’avoir repéré. Au fil des témoignages, la description de la bête s’affine et fait clairement penser à un ourson : « de couleur brune, tirant sur le noir par endroit », « une soixantaine de centimètres au garrot », « 1 m 50 debout »…

« À partir de ce moment-là, la gendarmerie a appelé un hélicoptère pour faire le tour du secteur », se souvient Lucien François. En parallèle, des gendarmes et gardes-chasses, accompagnés d’une quarantaine de riverains, quadrillent le secteur et balaient les environs. Une battue d’envergure qui ne donnera rien, même si les protagonistes restent persuadés de l’existence de l’ours. En tout, neuf personnes prétendent l’avoir vu.

« Je n’avais pas bu »

Jusqu’au dénouement, une quinzaine de jours plus tard, lorsqu’un gros chien est retrouvé mort sur le bord de la route. Poils bruns mi-longs et taille de 70 cm au garrot, la ressemblance est forte entre l’ours présumé et cet imposant cabot. « Entre temps, un de mes amis m’avait appelé pour me dire qu’il avait perdu sa chienne, un griffon Korthals. » La race du chien renversé. « Ce fameux ours qu’on traquait depuis plus de deux mois, c’était tout simplement… un chien. »

Une découverte qui sonna la fin des recherches. Si les gendarmes ont longtemps continué à y croire (« le faisceau d’indices dont nous disposons laisse supposer qu’on a bien affaire à un ourson », persistait le capitaine Bourin, alors commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp), les investigations furent officiellement suspendues le 20 octobre. Aujourd’hui, restent les souvenirs d’une « histoire amusante » désormais inscrite au palmarès de la commune, jusqu’à lui donner le nom d’un de ses principaux événements sportifs, La Course de l’Ours, dont la vingtième édition se tient début novembre.

wallaby-8À une dizaine de kilomètres de Ploëzal, la bourgade de Squiffiec, en plein pays trégorrois, a elle aussi eu droit à son feuilleton animalier. C’était en novembre 2011. Alors en plein repérage sur le terrain en prévision de l’ouverture de la chasse, Jean Duigou, habitant au lieu-dit Run Kermouster, raconte s’être retrouvé nez à nez avec… une panthère. Le retraité se remémore encore très bien aujourd’hui cette rencontre inopinée.

« J’étais dans un champ où je marchais dans les traces de la moissonneuse quand je suis tombé sur elle. Elle était là, à l’affût en train de guetter un faisan. Tout d’un coup, elle a tourné la tête dans ma direction, avant de s’échapper vers la forêt de pins. Elle a dû faire 50 mètres en trois-quatre bonds maximum. » Plutôt ouf.

Mais ça fait pas peur ? « Elle ne m’a pas semblé menaçante, plutôt craintive même. Elle avait des grands yeux verts brillants, une tête triangulaire caractéristique, un pelage noir… Pas de doute que c’était une panthère. En tout cas, ce n’était pas un serval (félin africain proche du chat, ndlr), comme beaucoup l’ont prétendu après : j’ai fait la guerre d’Algérie, et je sais à quoi ça ressemble un serval ! »

wallaby-9Malgré la bonne foi de ce témoin, aucune trace ni indice formel ne sera relevé durant les quelques semaines de traque. Président de la société de chasse locale, Éric Prigent (ci-dessus) confirme. « Quand Jean m’a parlé de cette panthère, j’ai appelé les gardes fédéraux pour les avertir. Ils ont alors décidé de mettre un piège en place : un appât vivant dans une cage et un appareil photo nocturne. Mais cela n’a rien donné. »

Aucune empreinte ne sera non plus découverte par l’employé du zoo de Trégomeur pourtant dépêché sur place. « Mais le temps était très sec, aucune trace n’était possible, rétorque Jean Duigou qui y croit toujours à bloc malgré les moqueries dont il a été sujet. Le maire n’a jamais vraiment pris au sérieux mon témoignage. Et Nono, le dessinateur du Télégramme, sous-entendait que j’avais dû boire un verre de trop… Alors que non. »

Si un routier affirmera quelques jours plus tard avoir lui aussi aperçu une panthère du côté de Plouisy, à 8 km de Squiffiec, aucune battue ne sera organisée. Six années plus tard, le mystère reste donc entier. « On ne connaîtra sans doute jamais le fin mot de l’histoire. C’est dommage, regrette Éric Prigent. Est-ce que c’était un gros chat ? Un animal échappé d’un cirque ? Moi, je pencherais pour une bête apprivoisée enfuie de chez un particulier. Une hallucination des témoins ? Je ne pense pas. Et puis, une panthère à Squiffiec, j’ai envie d’y croire. Tout le monde n’a pas ça chez lui. »

En attendant la prochaine bête ? Depuis le 20 juillet, un fauve, d’abord identifié comme une lionne puis comme un puma concolor se baladerait en Mayenne, d’après plusieurs témoignages. Bloqué par l’autoroute, l’animal pourrait désormais se diriger vers la Bretagne. Roaaaaaar !

Maud Gautier et Julien Marchand
Paru dans BIKINI#33
Photos : Bikini

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« Je traque le yéti »

yetiLe point commun entre Tchang, Tintin et Jean-Louis Maurette ? Le yéti. Pour la quatrième fois depuis 2013, ce Quimperlois de 58 ans va partir sur les traces de l’homme sauvage. Jean-Louis y croit à fond : l’homme sauvage, aussi appelé almasty, sasquatch ou bigfoot selon les contrées, existe bel et bien.

« Je me passionne pour la cryptozoologie (l’étude des animaux inconnus de la science, ndlr) depuis que je suis ado. Et je suis persuadé qu’un type d’hominidé caché, sans doute descendant des hommes de Denisova (espèce éteinte du genre Homo, ndlr), vit quelque part sur la planète. À quoi ressemblerait-il ? L’apparence d’un être humain, entre 1 m 70 et 2 m 20, nu, recouvert de poils, des yeux bridés et des pommettes hautes. »

Après le sud-ouest de l’Altaï russe et le Caucase (« le berceau de l’almasty, nous y avons recueilli beaucoup de témoignages de villageois ») c’est au Kazakhstan, à la frontière entre le Kirghizistan et la Chine, que Jean-Louis va s’envoler en septembre.

« Je vais d’abord essayer de rencontrer des habitants qui affirment l’avoir vu. Puis, j’irai crapahuter sur le terrain à la recherche d’indices, expose l’aventurier qui y met toutes ses économies. Mon matériel est en revanche sommaire : je dois me contenter d’un simple appareil photo et d’une paire de jumelles, alors qu’il me faudrait une caméra thermique et des pièges photos. »

S’il n’a pas encore débusqué le yéti, il affirme en revanche avoir observé une de ses possibles empreintes dans le Caucase. « Celle d’un pied de 47 cm au niveau d’un cours d’eau. Dans cette zone, personne ne marche pieds nus. Alors, à part un almasty, je ne vois pas qui… »

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« Je vis avec un sanglier »

sanglier« Viens par ici que je te gratte… Ouh t’aimes ça les gratouilles hein ! Ouhhh oui ! » La scène a de quoi surprendre. Malgré ses 180 kilos, son poil dru et son air balourd, Obélix se fait caresser comme n’importe quel animal de compagnie. C’est pourtant bien un sanglier que Brigitte Lavoine papouille comme si de rien n’était.

« Treize ans après l’avoir trouvé au fond de mon jardin, c’est toujours mon bébé, confie la retraitée, installée à Bolazec, près de Morlaix. Je l’ai recueilli à sa naissance. Il pesait 800 grammes. Sa mère ayant été tuée, il n’aurait pas survécu dans la nature. J’ai donc décidé de le garder. »

OK, mais c’est quand même un sanglier quoi. « Il faut savoir que c’est une bête qui se domestique facilement. Une fois apprivoisée, elle ne retourne pas à l’état sauvage. Je n’avais donc pas de réticences à la garder. Il fallait juste que j’obtienne l’autorisation de la préfecture car il s’agit d’une espèce sauvage. »

Après l’avoir nourri au lait maternisé pour cochons pendant les premières semaines, Brigitte lui cuisine désormais ses menus. « Pâtes, légumes, viande, œufs… Le sanglier est un animal omnivore, mais le mien est du genre capricieux : si je ne fais pas cuire les pommes avec du sucre, il ne les mange pas, explique la sexagénaire qui laisse Obélix naviguer dans la maison où il a libre accès. Il ne fait pas trop de bêtises. Honnêtement, c’est beaucoup plus discret qu’un chien : ça n’aboie jamais. »