23h45. Petite surprise, le Snoop est dans la place à l’heure sur la scène de Kerouac. Pas facile de se frayer un chemin parmi les partants du concert de Scorpions et, vu la foule impressionnante présente un peu partout sur le site, c’est finalement depuis un écran géant qu’on assistera au show du rappeur west coast et son micro doré. Un show à l’américaine, calibré comme il se doit, avec un crew qui assure bien derrière le vétéran à tresses. Fidèle à sa légende, il prend le temps de s’allumer un trois feuilles, balance des « biAtch » et des « motherfucker » tous les deux mots, avant d’accueillir sur scène des danseuses qu’on imagine très bien sorties du manoir d’Hugh Hefner. Tous les clichés de la Californie réunies sur la plaine de Kerampuil, pour un rendu assez surréaliste. « Put your motherfucking hands up in the air ! »

(photo : Lionel Le Saux)

22h45. On arrive pour Yelle à Xavier Grall qui affiche, là, sa plus grosse affluence de la journée. Un public très, très jeune. Les kids sautent partout, font des coeurs avec les mains et dansent en rythme. You-Ouh ! En maîtresse de goûter d’anniversaire (celui de GrandMarnier), la Briochine dans sa combinaison moulante assure. Pour les plus grands, Yelle reste un groupe ambiguë et difficile à classer. Si son pouvoir pop à savoir ce qui est cool est certain, on reste parfois plus perplexe quand certains titres virent aux bisounours. A l’image de Comme un enfant dont l’un des gimmicks nous fait d’ailleurs penser à Crazy Frog. Mais la réussite du groupe sur scène passe aussi par ses deux gars dont le duo batterie/clavier fonctionne vraiment bien et sait affirmer sa puissance quand il le faut.

19h30. Fin de l’apéro. Place au plat principal. Du rosbif, bien rouge, bien saignant, avec tout d’abord les Kaiser Chiefs sur la scène Glenmor. En plus d’avoir un nom classieux faisant référence à un club de foot sudaf’, les rouquins de Leeds balancent un rock propre, avec des tubes pas bien compliqués, mais qui te donnent une bonne envie de te secouer le bide à bière. Voire même carrément de se jeter dans la foule : les premiers slams des Charrues vingtième du nom font leur apparition. Le début d’après-midi est déjà loin, très loin. Olivia qui ?
Rosbif, deuxième service, avec le concert de Pulp enchaîné dans la foulée sur Kerouac. Alors Pulp, pour la faire courte, c’est le groupe mythique de la britpop nineties. Oubliez les Oasis, Blur ou The Verve, c’est le dandy Jarvis Cocker et sa bande qui représentent le mieux le revival rock de l’Angleterre période Canto, Spice Girls, Discman Sony, coupe au bol et John Major. La (petite) assemblée qui s’est pressée devant la scène est d’ailleurs majoritairement composée de trentenaires venus religieusement écouter les tubes les plus fameux du groupe, largement puisés dans l’album Different Class, numéro 1 des charts britons en 95 : Disco 2000, Something Changed et bien sûr l’hymne Common People, qui clôt logiquement le meilleur set de ce festival jusqu’à présent.

Kaiser Chiefs

 

Pulp (photo : Lionel Le Saux)

 

Mur à craie = mur à pisse ?

 

(photo : Lionel Le Saux)

19h15. Jean-Louis « ce n’est pas de la radio, c’est d’la musique » Aubert termine son concert. Juste une illusion ? A vrai dire, on ne saurait dire. Pendant son passage, on faisait la queue pour choper une crêpe. Par contre, un peu plus tôt, on a suivi Adam Kesher qui peut se vanter d’avoir une base fan jeune et, surtout, motivée. Les titres de ce groupe d’electro-rock sont bien repris. Leur set reste efficace. Seul hic, depuis leur passage à la Route du Rock en 2008, ce style manque cruellement d’un coup dans le cul, tant il est aujourd’hui ordinaire.
A ce propos, on a croisé un jeune keupon au premier rang pour l’un des quatre sets de Julien Tiné. Belle crête jaune, pantalon écossais et veste dont on pouvait lire dans le dos « Rigolez bourgeois, je baise votre fille ». A ses côtés : maman. Punk d’accord, mais jusqu’à un certain point. Faut pas déconner.

Adam Kesher

Julien Tiné

 

16h35. Les premiers concerts viennent de se terminer. Olivia Ruiz avait la tâche de lancer le festival sur la scène Kérouac. Ses fans avaient l’air aux anges. Nous, un peu moins. La petite brune a attaqué son set avec ses Crêpes aux champignons et l’a (presque) clos avec La Femme Chocolat.
Pour éviter l’indigestion, on a filé à Xavier Grall où La Canaille se produisait. Vu le nom, on avait peur que ce soit de la chanson française festive. Coup de bol, ça ne l’était pas. Le rap mélangé de rock des gars de Montreuil passe plutôt bien, avec un son bien lourd et des textes qui fleurent bon le revendicatif. Une jolie manière de célébrer le 14 juillet. Du côté de l’espace, presse, un Stromae très sollicité, enchaîne les itvs radios. Et sur la table de l’équipe de Tébéo, on entend les premiers bons jeux de mots « Jean-Louis Aubar ».
Les bars, justement, rencontrent un évident succès auprès des festivaliers, bien décidés à démarrer le week-end dans les meilleures conditions. Pichet et verres plastocs, l’équipement est connu. Constat amer d’un gars venant refaire le plein, s’adressant à ses potes : « Putain, f’chier, j’suis déjà criblé… » Eh ouais gars, les festivités ne font pourtant que commencer.

Olivia Ruiz, scène Kérouac (photo : Lionel Le Saux)

La Canaille

15 h 15 . Les Charrues, c’est parti ! 250 000 festivaliers sont attendus sur ces quatre jours. Kérampuilh a ouvert ses portes. Olivia Ruiz, La Canaille et Lunch Noazh lancent à cet instant cette 20ème édition. Au camping, l’apéro a déjà (bien) commencé. Sur le site, l’ambiance monte. Point d’orgue : le concert de Snoop Doggy Dogg. Ralala qu’est-ce qu’on attend ?!


Textes et photos : Régis Delanoë et Julien Marchand