0h20. Eugène Hütz et sa grosse stache-mou déboule sur la scène principale, avec son gipsy-punk band, venu d’Ukraine, via Brooklyn, USA. Attendu comme l’un des grands moments du week-end, le gaillard ne déçoit pas. Dans le public, seul un gars fait la gueule : il s’est concocté exprès pour la soirée une Pom’pote de Ricard mais s’est fait gauler à l’entrée du site. « Mais si les gars, j’vous jure, c’est de la compote !! » Echec.

23h. Sous le chapiteau, on soupçonne bien quelques mecs d’avoir voulu éviter la flotte qui s’est abattue (en plein pendant Ben L’Oncle Soul, merci gars). Si le site s’est bien vidé, le cabaret a fait le plein pour le deuxième service de Madjo. Une esthétique folk et un habillage chaud qui font plutôt du bien. Ça doit plaire aux meufs en marinière ce genre de truc. Deuxième service toujours, on s’est refait le set (légèrement différent du premier) d’Axel Krygier.

Jaqee

21h40. On a bien aimé le concert de Ben L’Oncle Soul. Surtout l’entrée.

Oumou Sangaré

16h05. « Merde, merde, MERDE ! » En se dirigeant vers le site, on fait un bout de chemin avec un gars, mine défaite, bracelet trois jours au poignet et portable collé à l’oreille, qui consulte son répondeur. Le champion prend conscience qu’il a bien déconné hier soir. « J’ai appelé une copine super tard, je l’ai fait chier, je lui ai raconté n’importe quoi, et là ce matin pendant que je dormais elle m’a rappelé et m’a traité de connard. J’voulais m’la faire, mais là j’crois que j’suis grillé. » Ouais gros, on te confirme, t’as fait le con. En chemin toujours, on croise pas mal de joueurs de palets. Confirmation est faite que le jeu typique d’Ille-et-Vilaine cartonne désormais jusqu’à la pointe Finistère. Putain de mondialisation. Pas le temps de s’insérer dans une partie, on file au Chapiteau assister à la prestation du Gipsy Burek Orkestra, soit une fanfare trad’ macédo-bretonne. Avec plein de cuivre et tout, pour un rendu assez similaire à ce que fait Goran Bregovic et son orchestre des mariages et enterrements (vu il y a trois semaines aux Charrues), le côté kitsch en moins.

Charrues toujours, si on s’était un peu fait chier devant Adam Kesher, Axel Krygier, forme électronique et fond rock’n’roll, a plutôt bien assuré pour l’ouverture de la scène Kermarrec. Avec son air de Chaplin, l’Argentin, accompagné de trois gars, a joué ses saynètes : flûte à bec en guise de poignard, sortie de scène, danse débile, voix à l’hélium. Un peu too much des fois mais, dans l’ensemble, son électro-rock-latino-expérimental est plutôt bon. Dans le public, malgré quelques gueules fraîches, ça sent la fatigue pour la plupart. On croisera d’ailleurs un sosie de Gaëtan Roussel qui a l’air aussi fun que l’original. Juste à côté, un mec à une seule dread (une grosse) jongle avec trois balles en tissu babos. Help Myself !

De Trinidad-et-Tobago, on connaissait le footballeur Dwight York et le sprinteur Ato Boldon, nettement moins la musique, il faut bien avouer. Par curiosité, on assiste à 15h40 à la performance de Renegades, annoncé comme le steel band le plus connu des Caraïbes. Ils sont une bonne vingtaine sur scène à taper sur des bidons d’huile. Le rendu pourrait être assez foireux mais en fait c’est pas mal. Et ça donne envie de se boire une petite Caïpirinha bien fraîche. Ah oui au fait, en ce troisième et dernier jour à Crozon, il fait beau. Et c’est cool.

Textes et photos : Régis Delanoë et Julien Marchand