// LA ROUTE DU ROCK // APRÈS TROIS ANS D’ABSENCE, LES JOLIES DEMOISELLES D’ELECTRELANE SE RETROUVENT EXCEPTIONNELLEMENT POUR UN MOIS DE CONCERTS. « JUSTE UN MOIS », ASSURENT-ELLES. ALORS AUTANT EN PROFITER.

Honnêtement, quand on les voit sur scène la première fois, on peut croire à l’erreur de casting. Quoi, ces quatre innocentes midinettes, faire du rock, et du très bon en plus ? C’est certainement un vieux réflexe machiste mal contrôlé, mais autant on les imagine bien au casting d’un Sofia Coppola ou invitées à la première d’une expo arty, autant on les voit difficilement mettre en émoi un public aussi pointu que celui de la Route du Rock. C’est pourtant ce qu’elles ont fait en 2007, quelques semaines avant de splitter.

« Un de mes meilleurs souvenirs de concert, se souvient la chanteuse, Verity Susman. Je me rappelle avoir eu des frissons lorsque j’ai regardé le public et vu tous ces gens danser sous les derniers rayons du soleil couchant. » La trentenaire, originaire de Brighton, et ses trois copines avaient déjà fait deux apparitions réussies à l’Ubu, à Rennes. Chaque fois, ce même trouble pour qui assiste à leur performance. Loin des canons habituels des groupes de rock féminins qui se sentent obligés de forcer sur le côté burné pour imiter les copains – L7, Hole, The Donnas… – Electrelane assume sa part féminine, « sans pour autant la revendiquer ».

Ce n’est pas le seul paradoxe d’un quatuor pratiquant une musique tout à la fois tendue et planante, sophistiquée et primitive, intello et minimale, noisy et élégante. Presque secrètement, Verity, Emma, Mia et Ros ont, neuf ans durant, réuni un public de fans fidèles qui les considèrent, avec une pointe de chauvinisme, comme l’un des groupes les plus sous-estimés de ces dernières années. Ce qui n’est pas totalement faux à l’écoute des quatre opus parus de 2001 à 2007 et au regard des centaines de concerts effectués partout dans le monde jusqu’à l’arrêt, brutal, il y a trois ans et demi. « Pas si brutal en fait, corrige Verity, nous en avions discuté pas mal de temps avant et il nous était apparu que c’était le bon moment pour faire ce qu’il nous était impossible en tournant toute l’année. »

Ce sera le retour aux études pour trois d’entre elles et une formation de peintre scénique pour Emma, la batteuse. « Avec pour chacune des projets musicaux parallèles. » Jusqu’à cette divine surprise d’un retour sur scène, ensemble. Un simple hasard des dates, explique Verity : « On était dispo toutes les quatre cet été, et comme ça nous manquait de ne plus jouer ensemble, on n’a pas hésité à se caler ce mois de tournée. » Ensuite? « Pour l’instant, rien n’est au programme, assure le sosie vocal de Nico, même si dans le futur, on pourrait peut-être envisager d’écrire de nouvelles chansons… » En attendant, rendez-vous est pris à la Route du Rock. Quatre ans après, avec le même plaisir.

Régis Delanoë

Le 12 août au festival La Route du Rock
à Saint-Malo