APRÈS LA TÉLÉ, CHRIS ESQUERRE TESTE SON HUMOUR ABSURDE SUR LES PLANCHES D’UN THÉÂTRE PARISIEN. UN SPECTACLE QU’IL VIENT PRÉSENTER LE TEMPS D’UNE DATE EN BRETAGNE. C’EST LA FÊTE.

Chris Esquerre. Un blaze facile à retenir qu’on s’est longtemps échangé entre amateurs d’humour fin. « Mec, tu connais ce gars qui est le midi sur Canal à présenter des magazines à la con ? Faut que tu mates ça, c’est génial. » Quatre ans durant, de 2007 à 2011, ce Normand à la bouille d’enfant de chœur a sévi sur la quatrième chaîne. Avec une chronique phare : la revue de presse des journaux que personne ne lit.

Un moment d’humour surréaliste au cours duquel il présentait le plus sérieusement du monde des publications improbables tels que Légende de chats (« Offrez à votre chat une souris radiocommandée, il s’amusera à la piloter dans la maison, c’est rigolo. ») ou Question Boulange (« L’univers du pain et de la chouquette est très généreux, ça tranche avec l’univers de la biscotte, cassant et revêche. »). Tout est dans le décalage entre le ton très solennel et les propos saugrenus.

« L’idée m’était venue lorsqu’on m’avait proposé ce créneau horaire de L’édition Spéciale, explique-t-il. Comme il s’agissait d’une émission assez sérieuse, j’ai eu l’idée d’adopter un ton très sobre, en détournant le contenu de magazines spécialisés. Bon, le but au final c’était surtout de dire des conneries, hein. J’aime dévorer la presse, mais je ne suis quand même pas comme Chapatte avec les bagnoles. »

La carrière de Chris Esquerre dans l’humour, débutée en 2003 à la radio sur France Bleu, puis poursuivie sur Radio Nova, M6 et donc Canal +, n’a rien du rêve d’enfant, assure-t-il. « Le coup de la vocation, c’est un récit un peu débile, car gagner sa vie en racontant des blagues n’a rien de prévisible. » Né il y a 36 ans dans un trou perdu de Normandie, le « viking », comme il se qualifie, a d’ailleurs épousé à la sortie de ses études une carrière autrement plus sérieuse de conseiller en communication pour les entreprises. « J’ai passé quatre ans à enfiler le costard-cravate tous les matins, pour finalement me rendre compte que je n’étais pas à ma place. »

S’il a stratégiquement choisi de débuter sa vie d’humoriste à la radio puis à la télévision (« un excellent terrain qui te permet de voir si tu sais faire des trucs drôles à répétition »), c’est sur scène que Chris Esquerre exerce actuellement son activité. Son spectacle, testé une première fois au festival d’Avignon 2010 et basé sur le même humour pince-sans-rire, est depuis quelques mois à l’affiche du théâtre du Point Virgule à Paris. « Là encore, je n’avais pas l’envie chevillée au corps d’être seul en scène. J’ai résolu depuis un moment mes problèmes d’ego, mais c’est une suite logique. »

Rongé par le stress au début (« c’est assez violent d’être face à un public »), le fan des Deschiens s’est depuis bien rodé. Avec un crédo : « Ne pas être soumis à un public dictateur. Si ça ne plaît pas, tant pis. Sans fausse modestie, je pense avoir pas mal d’originalité, je dois continuer dans cette voie. » Parole d’ex-conseiller en communication.

Régis Delanoë
photo : DR

Le 9 mars au théâtre des Jacobins à Dinan