L’ultime journée commence par un oubli : le concert de Florent Marchet à La Passerelle à 15h. Arrivé trop tard sur les lieux, on manque « un excellent concert », d’après les confrères de la presse régionale croisés à la sortie. Comme après l’auteur de Courchevel doit se succéder sur scène Zaza Fournier et non pas la très attendue Agnes Obel, qui a annulé sa prestation il y a quelques semaines déjà, on fait carrément l’impasse sur les concerts de l’aprèm pour se rendre au pavillon d’art numérique visiter l’expo. Le spectateur est mis à contribution par des jeux d’écran et de lumière, pour un résultat artistique étonnant et plutôt réussi. En sortant, on retrouve Julien Tiné, qui mixe au B52 devant un parterre peu fourni, mauvaise météo oblige…
Tranquillement, on se dirige vers Poulain Corbion, qui vient d’ouvrir ses portes et accueille les premiers spectateurs, qui se ruent devant la scène pour s’adonner à un petit concours de collage. Ah, ok, le reggae est à l’honneur de cette fin d’après-midi pluvieuse, avec la prestation de Julian Marley, neuvième des onze enfants de Bob. Le rasta ne s’emmerde d’ailleurs pas tellement niveau line-up, avec un bon paquet de reprises du daron, pour un résultat final aux allures de tribute. Un petit tour dans la foule permet de vérifier que « les élèves ont parfaitement réussi leurs devoirs », nous glisse un festivalier, la ganja est en effet de sortie.
Vient ensuite le tour d’Anna Calvi, précédée d’une grosse réputation critique et publique, malgré seulement un album sorti. Elégamment maquillée, la jolie Anglaise ne déçoit pas, avec une voix impressionnante et une belle aisance s’agissant de manier le manche. Elle donne l’impression d’être sur scène comme à une compétition sportive, concentrée à l’extrême, presque sévère. Ça manque un brin d’humanité parfois, mais la performance musicale est remarquable. « Elle est quand même hyper classe », résume Jérémy, bassiste de Bumpkin, croisé en fin de concert.
Classe toujours, avec la prestation de Brian Ferry, tiré à quatre épingle et sourire bright. Il est accompagné sur scène par deux guitaristes, deux batteurs, deux choristes et deux danseuses de cabaret, entre autres, placés avec une symétrie quasi parfaite. Au centre, l’ancien chanteur de Roxy Music mène sa troupe avec l’autorité d’un bon père de famille.
A partir de là, on se trouve face à un choix cornélien : rester sur le site principal assister au concert de Klaxons ou filer au Forum, où est programmé The Legendary Tiger Man à peu près aux mêmes horaires. D’instinct, on quitte un Poulain Corbion venté pour s’engouffrer dans la petite salle de La Passerelle déjà bien remplie.
On a eu raison, mille fois raison : seul sur scène, avec sa guitare, sa batterie simplifiée et quelques machines, l’homme-orchestre portugais livre un grand set blues-rock. Curieux personnage que ce Paulo Furtado – son vrai nom – qui fait défiler derrière lui sur scène des courts-métrages super 8 de sa propre fabrication et se permet de reprendre avec classe les Bellrays ou These boots are made for walkin’, chantée originellement par Nancy Sinatra. On le tient enfin, notre concert du festival. Et histoire de rester sur une bonne impression, on s’arrête là, après un dernier détour par la place du Chai pour découvrir un vieux complètement rincé draguer maladroitement des lycéennes. Ouais, il est définitivement temps de quitter les lieux.
R.D