On a aimé

Rangleklods. Putain de nom difficile à prononcer. Essayez pour voir, c’est chaud. Sinon autrement, on ne connaissait pas grand-chose de ce groupe, si ce n’est le (bon) morceau YouTube entendu, le fait qu’ils soient deux, un gars, une meuf, et Danois, d’où le nom chelou. A priori, les organisateurs connaissaient pas grand-chose de plus, sinon ils se seraient démerdés à les programmer plus tard, la nuit, là où leur musique sombre s’adapte le mieux. « Pretend it’s dark », invective le chanteur, tandis que sa pote (copine ?) bidouille ses machines. Car oui, Rangleklods, c’est le soulèvement des machines, comme dans Terminator 3. Du gros son sorti d’une grande valise pleine d’ordis et de bidules. Au moins, les roadies ont pas trop de boulot. Mais sinon vrai de vrai c’est de la bonne came, captivante et tout. Manquait vraiment que le soleil se casse pour apprécier dans les bonnes conditions. Au moins ça a eu le mérite de réunir tous les haters de Bruel, programmé au même moment. Ils étaient pas mal nombreux.

Suuns. Vendredi, 1h50, dernier groupe programme de la journée : les quatre Canadiens font concurrence sur la scène Graal à Paul K. Un concert d’initiés, ultra sombre – d’où l’absence de photo, désolé. Le timing des organisateurs est bon, la musique des Montréalais colle parfaitement à une fin de soirée où on n’a plus tellement envie de se fatiguer à danser. Un petit hochement de tête, les yeux mi-clos, suffit. A revoir à La Route du Rock.

BRNS. A prononcer « brains », vous devez commencer à en avoir l’habitude. C’est Belge, c’est du rock, c’est bien. Originalité : le chanteur est aussi batteur. Un truc qu’on n’a quasi jamais vu. On a creusé dans nos caboches, nous est venu spontanément le nom de Rémy Bricka, mais vérification faite, c’est pas vraiment pareil. Si vous avez d’autres exemples, on est preneur. Toujours est-il que le mec est courageux : chanter en même temps que tabasser des fûts, c’est bien bien costaud.

HeartBreak Hotel. Ca vous parle ? Non ? Pas forcément étonnant, le groupe fait partie de la sélection pouponnière du festival, aka les Jeunes Charrues. Bonne surprise, le machin déboite fort. « Vous voulez du rock’n roll ? Parce qu’on va vous gaver !! », gueule le chanteur à l’assemblée, plutôt nombreuse. Parole tenue, le son est puissant, sans qu’on puisse vraiment définir s’il s’inspire de l’autre côté de La Manche ou carrément outre-Atlantique. Un coup c’est du Arctic Monkeys revisité, un coup du stoner façon QOTSA. La bio présente la naissance du groupe… à Brooklyn. Pas banal. A suivre, assurément.

Juveniles. L’audience est jeune devant Xavier Grall. Les Rennais, eux, murissent plutôt bien. La dernière fois qu’on les avait vu sur scène, l’album n’était pas sorti et JS, le chanteur, n’avait pas de barbe ni encore trop d’assurance. Là pas de souci, il en a. En même temps, il peut, et ses collègues aussi, vu que leur répertoire s’est singulièrement étoffé, quantitativement comme qualitativement. Ils peuvent tenir un set rempli de tubes pépère. Le premier single We Are Young n’est plus seul, mention spécial à Strangers et son solo de guitar hero. Bon par contre la bouteille de Jack’ sortie entre deux morceaux, 1/ ça fait prétentieux, 2/ cliché.

Superpoze. Dernier nom de l’écurie Kitsune, le Caennais Gabriel Legeleux, aka Superpoze, est arrivé sur la scène Xavier Grall en toute discrétion. Presque comme s’il ne voulait pas déranger les grappes de festivaliers posés sur l’herbe. Passé aux Trans l’hiver dernier, le garçon ne s’est pourtant pas fait prier pour réveiller l’assemblée. Son abstract hip-hop tabasse bien et a tout pour s’imposer. Prochaine étape bretonne de sa route qu’on espère longue : Les Indisciplinées à Lorient l’automne prochain.

La Femme. La première fois qu’on avait vu La Femme en concert, c’était en août 2011 sur le toit de La Carène à l’occasion d’Astropolis. Il faisait une chaleur pas possible ce jour-là. Deux ans après, le cagnard a de nouveau accompagné le set de ces jeunes gens modernes. Une scène Grall bien bien remplie malgré l’heure précoce de programmation (15h40). Une assemblée qui traduit bien la place qu’a pris le groupe parisiano-breto-basque. Leur pop psyché aux guitares surf est toujours aussi efficace et, même si le groupe tourne à bloc depuis deux années, il ne parvient pas à nous lasser. Une fin de set où Sacha, le guitariste, traversa la foule sur sa planche. DES SENSATIONS.

Neil Young. Faut l’avouer, on avait quelques doutes sur la qualité du concert auquel on allait assister. Ce qui est légitime, étant donné que dans la catégorie « papys du rock », on avait eu notre lot de déception les deux dernières éditions. D’abord un Lou Reed en mode pilote automatique, yeux hagard et passion envolée (You took too much, man), puis l’an dernier un Bob Dylan ronchon, la voix plus nasillarde que jamais, jouant comme s’il était dans un cabaret devant 10 pélos. Neil Young non plus n’est pas du genre très bavard, mais dès le début on se rend compte de deux choses positives : 1/ à 67 ans, l’envie est toujours bien là de faire du (putain de) rock avec son groupe mythique Crazy Horse et 2/ sa voix est intacte, puissante. Le Canadien s’était vu accorder 2 heures de concert, il s’est permis de déborder d’une bonne dizaine de minutes, débutant par un Love and only love d’un quart d’heure et terminant par le classique Hey Hey My My. Au milieu, de tout : du rock bien puissant (le mec est pas le parrain du grunge pour rien), de la folk vintage avec Comes a time et le tube Heart of Gold, du Dylan (si, si, avec Blowin’ in the wind) et même un soupçon de piano avec Singer without a song. Le meilleur moment ? Rockin’ in the free world, totalement épique. Seul regret : quelques longueurs inutiles pour terminer certains morceaux, ce qui semble amuser surtout Young et sa bande, moins le public. Reste que la prestation d’ensemble entre d’ores et déjà dans le best of des Charrues. La face des papys du rock est sauvée.

Mermonte. Le FC Mermonte (11 sur scène !) a un jeu tout en collectif où chacun sait ce qu’il a faire. Les individualités se complètent bien (guitare, basse, batterie, claviers, violon, violoncelle, tambourin, maracas, glockenspiel, flûte traversière…). L’équipe est capable d’alterner le jeu court, les une-deux, mais aussi de temporiser quand il faut. Les Rennais – vainqueurs Jeunes Charrues 2012 qui ont donc ouvert la journée du dimanche cette année – ont des atouts certains pour jouer les premiers rôles les saisons à venir. Sans doute la seule équipe rennaise capable de gagner quelque chose.

Alt-J. Il y a un an, on avait vu Alt-J quasi incognito, ouvrir La Route du Rock devant à peine quelques centaines de personnes. Depuis, les 4 de Leeds ont épaté avec leur premier album, An Awesome Wave, rassemblant une large audience autour de leur musique et de leur symbole de rassemblement, ce triangle un peu ridicule formé avec les doigts. Les fans étaient nombreux devant la scène Kerouac. Ils ont assisté à une prestation solide, avec l’intégralité de l’album joué en live, plus un inédit (pas exceptionnel). C’est de la très bonne came, très efficace, quoiqu’on se permettra deux bémols : quelques effets de voix et sophistications inutiles qui viennent boursoufler certains morceaux et une prestation trop courte (ils n’ont pas fait l’heure programmée, mais plutôt 45 minutes). Il va falloir grossir le répertoire rapidos.

On a vu

Lescop. La première fois qu’on avait vu l’ancien leader d’Asyl, c’était à Lorient en novembre dernier. Il venait alors défendre la sortie de son premier – bon – album solo, un disque de « pop froide » qui renouait avec la cold wave des années 80 (influences Ian Curtis, Daho, Daniel Darc). Ce jour-là, on s’était fait la réflexion qu’on avait du mal à comprendre ce qu’il chantait. Ce qui est un peu con pour un artiste qui revendique un effort particulier sur les textes (« Les paroles sont la chose la plus importante dans un morceau », nous confiait-il à l’époque). Notre impression s’est malheureusement répétée vendredi. On retiendra le jeu de scène bien véner de son guitariste à moustache (riffs nerveux et air coup de boule). A pas faire chier quoi.

Half Moon Run. Des Montréalais, c’était bieng.

Naïve New Beaters. Les Naïve sortent d’une saison 2012/2013 plutôt chargée. Il était dur de passer à côté d’eux cette année en Bretagne (Indisciplinées, Panoramas, Rock ‘n Solex, La Carène, Ubu, Antipode… et on en oublie certainement). Devant la petite assemblée de la scène Grall (à cette heure, jouaient les Two Door Cinema Club), Martin Luther B.B. King, Eurobelix et David Boring (qui reste quand même bien marrant) ont été à l’essentiel, balançant dès le début de leur set les deux singles de leur dernier album La Onda. Pour Shit Happens (everyday but it’s all right !), Mickey montera même sur scène.

MmMmM. Les six Normands avaient pour mission d’ouvrir les Jeunes Charrues. On avait reçu leur CD il y a quelques mois et l’écoute nous avait moyennement emballé. Sur scène par contre, on a trouvé ça plutôt cool. Pour résumer, ces gars de Saint-Lô mélangent électro-pop et hip-hop. Et misent surtout sur la bonne humeur (smiles à gogo et coeurs avec les doigts) pour convaincre la foule. Une sorte de Misteur Valaire. L’accent québécois en moins.


Patrick Bruel. Qui a le droit ? Qui a le droiiit ? Qui a le droiiiit d’faire çaaaaa à un enfant ?

Superets. Vainqueurs Jeunes Charrues du pays de Rennes, les rejetons de la liaison cachée entre les Beach Boys et les Deschiens ont rassemblé leur petit monde. Allergiques aux rouflaquettes et à la potacherie s’abstenir.

Jonathan Wilson. Des guitares qui font « wah wah », des morceaux d’un quart d’heure avec des solos de 5 minutes terminés par des applaudissements et des « wouh wouh ! » admiratifs : ça a beau être de la musique de top qualité – faudrait vraiment être de mauvaise foi pour dire le contraire – on n’a pas trop réussi à accrocher sur ce total revival 70’s, musical, vestimentaire et capillaire.

Jodie Banks. On ne les avait pas encore vus sur scène. On rattrape notre retard. Le potentiel des Brestois, programmés sur la scène Jeunes Charrues, est certain. Ces garçons disent avoir bien kiffé le concert des Hives jeudi soir. Musicalement, il y a cousinage avec les Suédois.

Benjamin Biolay. C’est la première fois qu’on voyait Biolay en concert. On nous l’avait beaucoup vendu. Un peu trop peut-être. Le quadra, auteur des acclamés La Superbe et Vengeance, a un indéniable talent de composition mais l’ensemble mérite d’être revu dans un cadre plus intimiste, pour mieux apprécier la chose. Et puis dans une salle, peut-être se décidera-t-il à lâcher cette vilaine veste en jean sans manche…

The 1969 Club. Le trio briochin fait partie des groupes français qui va le plus tourner cet été en festival. Devant la famille bretonne, sous le chapiteau Jeunes Charrues, les loustics ont joué leur rock stoner, simple mais efficace. A découvrir sur une plus grande scène le week-end prochain au festival Au Pont du Rock.

The Roots. Enorme son, excellents musiciens, gros smile sur scène… Oui mais la prestation de The Roots fait un peu trop foutraque au final, passant de sessions rap à Guns N’Roses, d’instants jazz à Led Zep’, de soul, d’un peu de disco. Ça part tellement dans tous les sens qu’on n’a jamais réussi à accrocher la « chose ».

The Vaccines. Dimanche aprèm à Kerampuil, la chaleur est plus écrasante que jamais et les mecs de la sécu sont contraints d’arroser à gros jets la foule massée devant la scène Kerouac, attendant la prestation de The Vaccines. Les quatre Anglais vont livrer un bon concert de rock propre et classique. Presque trop classique en fait, ça manque un peu d’identité, d’originalité. Le genre de set apprécié sur l’instant mais vite oublié. Comme un bon Domac.

On a zappé

Lily Wood & The Pricks. A ranger dans la longue liste des groupes dont on sait que ce n’est pas si mal mais dont on s’en fiche totalement.

M. Tout a été dit, non ?

Marc Lavoine. Un moment Chérie FM.

Colin. « Votre Colin, avec ou sans patates ?»

 

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