/// ART ROCK 2015 /// En 2010, malgré de belles promesses (et une réputation sulfureuse), le groupe Chocolat s’était mis en sommeil. Mais voilà que ces Montréalais réapparaissent aujourd’hui sur le devant de la scène. Plus sages qu’avant ?

Tout avait bien commencé. En 2007, Chocolat déboule avec un EP remarqué par la critique québécoise et internationale. « Un enregistrement qui se tient bien, dans un style rock psyché à la Yardbirds », situe Jimmy Hunt, l’auteur, compositeur, interprète et, de fait, leader du groupe. Un an plus tard, c’est la confirmation avec la sortie de l’album, Piano Élégant, dans un style sensiblement différent, « plus fleur bleue ironique façon The Kinks, avec des compos en français ».

La grosse tournée qui suit est aussi un succès pour Jimmy et les siens. « On est allé aux états-Unis avec Jay Reatard, c’était hyper cool. Je me souviens d’un show à New York sur invitation des Black Lips. »

Un climax suivi de plusieurs mois de délitement entre 2009 et 2010 qui entrainera la mise en sommeil du groupe. La faute à une ascension mal gérée mais aussi à quelques coups de folie qui ont terni la réputation des loustics. S’agissant du buzz mal assumé (en VO non sous-titrée, débrouillez-vous), Jimmy confie : « On s’est retrouvé à jouer pour les Jeux olympiques de Vancouver. Un des fils de Bob Marley, Damian, était tête d’affiche, ça sentait le pot dans le crowd qui était majoritairement venu pour écouter du reggae. Y avait un fume pas possible dans la salle, on était stone à la sortie du stage. 7 000 personnes, c’était énorme pour nous mais on n’était pas super à l’aise. »

« Thomas Fersen, tu connais ? »

S’agissant de la réputation du groupe ensuite : « Il nous est arrivé de jouer les trouble-fête sur certaines dates au Québec. Un peu de casse dans les loges, ce genre. Quelques bières brisées et on raconte que t’as pissé sur du monde (sic)… » Un documentaire appelé ironiquement Élégance, sorti en 2009, retrace même les péripéties alcoolisées des cinq garçons.

« Mais tout ça est derrière nous, promet Jimmy qui, depuis, a relancé l’aventure Chocolat, par désir de retrouver l’énergie bestiale d’un collectif. J’ai tourné un peu en solo à partir de 2010 mais c’était pas pareil. Quand je suis venu jouer en France, c’était un peu trop mou à mon goût. » Ah bon ? « Ouais, j’y ai fait quelques premières parties pour un chanteur qui s’appelle Thomas Fersen, tu connais ? » Ah ouais, ok.

Cette fois c’est donc avec ses comparses que le gars Jimmy va revenir dans nos contrées au printemps défendre le nouvel album, Tss Tss, enregistré courant 2014 et sorti en début d’année par le très réputé label Born Bad Records. « C’est un retour aux sources du premier EP sorti en 2007, précise le grand dadais chevelu. On est sur du rock psyché à tendance garage, même si j’arrive jamais à vraiment savoir si c’est un terme péjoratif ou flatteur… »

Régis Delanoë
Photo : John Londono
Paru dans BIKINI #21

Le 23 mai au Forum de La Passerelle
à Art Rock à Saint-Brieuc