02h45. On a tenu presque jusqu’au bout. Presque seulement, car on est parti avant le dernier set de cette édition 2011, Mondkopf, qu’on avait déjà entendu de loin aux Charrues en juillet et qu’on avait moyennement apprécié. Trop brutal. Et puis pour clôturer notre festival, on a tout de même assisté à la prestation du déglingo Dan Deacon. Programmé sur la petite scène, il avait carrément installé sa table à matos foutraque au niveau des festivaliers. Le Ricain est réputé pour ça, il aime communier avec le public, lui faire lever les mains, lui apprendre des danses à la con, tout en distillant une techno ultra loufoque à base de mélodies triturés, baragouinant au micro des paroles incompréhensible.
Avant ce final techno boum boum, on avait eu droit à un début de soirée plus tranquille. Avec Okkervil River et Fleet Foxes, on s’offre de chouettes moments. Eux aussi sont originaires des USA, mais ils donnent plus dans le rock classique pour les premiers, dans la folk pastorale pour les seconds. L’espace de ces deux concerts, c’est comme si l’on avait troqué notre accrédit’ Bikini pour un pass au nom du Montana Herald, à la découverte de groupes typiques de ce coin campagnard d’Amérique. Et au milieu, coule une rivière, ouais, on y est.
Entre les deux, Cat’s Eyes a ennuyé. Le coleader du projet Faris Badwan a une excuse : la veille, il jouait avec ses potes de The Horrors (son groupe principal)…à Tokyo. Putain de jet-lag. Sinon, on a aussi vu Crocodiles. C’était bien mais sans plus. Enfin, si, les gars de San Diego assurent vraiment, mais comment expliquer le truc… Un voisin de bar nous souffle le truc : « Les concerts le troisième jour d’un festival, c’est comme avec la bière, à un moment, tu continues d’en prendre, mais c’est plus un réflexe, la saveur est un peu partie. » Voilà, c’est ça.
20h45. Dieu existe. Et il est sympa. C’est en tout cas la première impression qu’on a au réveil en ce troisième et dernier jour en constatant que le Tout-puissant, tout là-haut dans les nuages, a décidé de cesser définitivement de faire tomber des seaux d’eau sur Saint-Père et ses pèlerins. Merci mec, vraiment. On peut ainsi passer la journée à faire sécher ses vêtements sur la toile de tente et à profiter enfin du soleil. Au programme sur le site : belote, pétanque et sieste. Des voisins de galère ont décidé de célébrer ça plus radicalement en se payant un apéro prolongé. Très prolongé même, jusqu’à ce qu’une bouteille de rosé en verre viennent leur poser problème. « Vous avez un tire-bouch’, les gars ? » Non, mais de ce qu’on sait, si l’on sait faire preuve d’habileté, on peut faire sauter un bouchon grâce à une simple chaussure. Si vous ne connaissez pas la technique, on vous laisse voir des champions à l’œuvre sur Youtube.
Le temps file et il est déjà temps de retrouver le site principal, à cinq minutes du camping. On craignait un peu nos retrouvailles avec le fort, laissé au petit matin dans un état lamentable, mais les organisateurs ont fait du bon boulot. Une bonne dose de sciure de bois, des gravillons, et le tour est joué. Devant une petite chambrée, Here We Go Magic ouvre les hostilités. Il s’agit en fait du projet de groupe du chanteur solo Luke Temple. Le sosie vocal de Robert Wyatt est plutôt bien entouré, autant musicalement qu’esthétiquement, avec notamment cette charmante jeune femme aux claviers, qui ose la robe courte, très courte. Des teenagers anglais installés à côté apprécient. « Fuck yeah ! »