ROUTE DU ROCK /// ELEKTRONISCHE STAUBBAND : DERRIÈRE CE BARBARISME TEUTON, SE CACHE LE NOUVEAU PROJET DE YANN TIERSEN. L’IDÉE ? REVISITER SES DERNIÈRES COMPOS AVEC DES VIEUX SYNTHÉS. LE RÉSULTAT ? MÉCHAMMENT PLANANT.

La dernière fois qu’on a vu le gars Tiersen, c’était en juin dernier à l’occasion du festival Art Rock de Saint-Brieuc. Il arborait fièrement un t-shirt avec l’inscription “Neu !”, le nom de groupe d’un des plus célèbres représentants de la scène krautrock germanique. Un style faisant la liaison entre le prog-rock et l’électro, apparu dans les seventies et qui s’est développé avec des formations comme Can, Kraftwerk ou Cluster.

Fan, le gazier ? « Ah mais complètement, répond-il aujourd’hui. J’ai grandi dans les années 80 et même si je me suis tourné assez vite vers une musique plus organique, j’ai d’abord appris à bidouiller des machines. Je suis d’ailleurs particulièrement fier d’être aujourd’hui signé chez Mute, un label pionnier dans ce domaine (avec les groupes D.A.F, Fad Gadget, Yazoo… ndlr). »

Une passion partagée avec un de ses camarades de tournée depuis près de deux ans, le zicos Lionel Laquerrière, du groupe Nestor Is Bianca. « On s’est retrouvé autour de cette adoration pour les synthés analogiques des années 70 et 80, explique ce dernier, une dizaine de vieux coucous sur lesquels on a commencé à travailler. » Les deux larrons sont alors rejoints par un troisième, Thomas Poli, membre de Montgomery et lui aussi branché sur la chose.

« Dans un premier temps, poursuit Yann, on s’est naturellement tourné vers les morceaux de mes deux derniers albums, Dust Lane et Skyline, qui constituent une excellente matière, propice à détourner aux synthés. » Le baptême de ce nouveau projet, qu’ils intitulent Elektronische Staubband, a lieu en Italie en juillet, à l’occasion du festival Acusmatiq d’Ancône.

« On y a réalisé deux concerts. Tous les trois sur scène avec nos synthés, un moment génial », se rappelle Tiersen. Encouragés par cette première expérience concluante, les trois gars s’exercent sur deux autres dates : en septembre dernier au festival de l’Ilophone d’Ouessant (« mais on a été confronté à une panne de clavier ») et en octobre aux Rockomotives de Vendôme, où habite Lionel. « Faute de temps, on en reste pour l’instant aux compositions de Yann, mais dès que possible, on s’enferme en studio pour enregistrer », annonce-t-il. Ce pourrait être juste après leur passage à La Route du Rock de Saint-Malo en février.

Le timing est serré, puisque dans la foulée, les deux doivent lâcher temporairement Thomas Poli et s’envoler pour une tournée qui les emmènera en Amérique du Nord et en Australie. Le temps est compté, mais pas question pour Tiersen et sa nouvelle bande de lâcher le morceau. Ils l’affirment, la « récréation électronique » est amenée à durer.

Régis Delanoë
photo : DR

Le 18 février à L’Omnibus à Saint-Malo
au festival de La Route du Rock Hiver