On a aimé
Mansfield.TYA qui a ouvert vendredi la soirée du forum à La Passerelle. Certainement, l’un des meilleurs concerts de la journée. “Bonsoir, nous sommes Philippe Découflé”, annoncera Julia Lanoë en short avant d’enchaîner sur An Island in an island, “morceau d’ouverture des prochains Jeux Olympiques”. Le répertoire des deux Nantaises est pourtant loin d’être lol. Contes sombres, amours malheureux et pop obscure, les morceaux s’inscrivent comme le versant mélancolique et classe de Sexy Sushi, le deuxième projet de Julia. Sans qu’on sache vraiment si un groupe influence l’autre, certains titres – plus électroniques – de Nyx, troisième album sorti par les deux filles, ne choqueraient pas dans la discographie des bordéliques Sexy Sushi. A noter une reprise des Bérus sur Les Rebelles.
Venu avec Beats‘N’Cubes, grosse installation à base de mapping sur un morpion géant, Etienne de Crécy a bien conclu le vendredi sur la grosse scène. Malgré un temps d’attente bien bien long. Le temps d’écouter les explications d’un gars sur la nécessite de bien se placer en festival. “Tu vois, là on est devant la régie, avec une parfaite symétrie gauche/droite. Quand y’a des guitares c’est top”. Etienne de Crécy est un DJ.
Bien funs, les Californiens de Thee Oh Sees, vus vendredi soir au Forum. En tout cas pas prise de tête pour un sou. C’est du rock garage qui envoie du bois et qui provoque bien vite de doux relents de bière et de sueur dans le public. So sweet. Mentions spéciales au leader John Dwyer, tellement à l’aise avec sa guitare transparente qu’elle semble moulée à même le corps, ainsi qu’au deuxième guitariste, un certain Petey Dammit!, au look skinhead bien travaillé, tatouages, chemise, bretelles, la totale. Oï, oï, oï, oï !
Sympas aussi, les Juveniles ont fait le métier à une heure bien avancée du vendredi, avec un nouveau clavier qui a joué juste sa partition. Actuellement en pleine tournée française et internationale, on sent désormais les Rennais bien rodés, pros comme il faut. L’effet de surprise est certes passé depuis qu’on les avait vus aux Trans en décembre, mais ça reste de l’excellente new wave. On a eu droit à deux ou trois nouveaux morceaux du nouvel album, qui sortira en juin. Morceaux inégaux à la première écoute live, mais on sera bien sûr curieux d’écouter ça quand ça sortira.
En même temps que le fils Dutronc sur la grande scène, The Decline sur la place haute du Chai, au Fût chantant, pour le off du festival. Nés sur les cendres de formations punk (Trashington DC…), la formation rennaise a envoyé le pâté d’entrée de jeu avec A punch in my head. Public bien véner, pogo et même des chiens devant la scène. Wouaf.
La programmation du samedi soir au Forum de La Passerelle avait belle gueule et a tenu toutes ses promesses, oh que oui. La soirée a commencé avec Rover, clairement pas le mec le plus charismatique à première vue, mais qui possède le bon son rock qui va bien. Et puis le mec se donne comme peu, à grands coups de riffs bien sentis et de puissantes envolées lyriques. Attention, rien de révolutionnaire là-dedans, mais c’est musicalement carré et émotionnellement pas mal touchant, ouais. Déboule ensuite Ghostpoet, ambiance dark, très dark. La voix est grave, le flow lent, il faut un peu de temps avant de rentrer dans ce hip hop des bas-fonds, mais peu à peu la magie opère. Le Britannique a clairement des pouvoirs chamaniques. Une des révélations du festival.
Mais battu néanmoins par le dernier concert de la soirée, celui de Breton. Les Anglais, qu’on vous a fait découvrir dans le dernier numéro de Bikini, sont présentés comme faisant du rock surréaliste. Dit ainsi ça peut sonner pompeux et chiant, la vérité c’est que leur prestation a été fabuleuse. Vraiment. Eux-mêmes ont tellement aimé aussi d’ailleurs qu’ils ont précisé le lendemain sur leur page Facebook avoir vécu leur « favourite show ever ». Et ça c’est beau. Même l’interruption d’un quart d’heure en plein milieu du concert – procédure oblige, un détecteur sécurité avait été déclenché, certainement pas un mec bourré – n’a pas gâché ce petit moment de grâce. Leur prochain passage en Bretagne à La Route du Rock de Saint-Malo en août est inratable. Enfin, plus globalement, le Forum de La Passerelle reste un des endroits les plus agréables du festival : petite jauge, proximité avec la scène, balcon, accès rapide au bar, tout ça tout ça. Bien cool quoi.
Quelques bons moments rap et hip hop aussi dimanche après-midi sur la grande scène, avec 1995 et Theophilus London. Par contre c’est assez dingue comme le public était jeune. Un des membres d’1995 a dit apprécier le nombre de meufs parmi la foule. Fait gaffe quand même, mec, la plupart semblait mineures…
On n’a pas aimé
L’heure de programmation de PuppetMastaz. 18h30, ouverture de la grande scène le vendredi, beaucoup trop tôt.
Expliquez-nous cette unanimité autour de Moriarty. On voit pas. Ca a même emmerdé Benoît, un de nos pigistes, qui pourtant aime bien la guitare sèche et les trucs dans ce genre. Et puis merde, parler en anglais entre les morceaux, pour un groupe français, c’est, comment dire, snob ?
Orelsan qu’on n’a pas eu le droit de prendre en photo sur scène. Putain de restrictions. C’est con, car son ouverture (Raelsan) et son final (Suicide Social) étaient plutôt bons. Le reste ? Les refrains chantés dans le rap, ça casse quand même bien les couilles. Là où on se rend compte que le Normand est capable du pire.
L’absence de concert au Petit Théâtre de La Passerelle cette année. C’est con, on avait eu l’occasion d’y découvrir Tune Yards l’an dernier. La douce récréation dans une des loges du joli théâtre en aprèm nous a manqué.
On a « moins aimé », dirait-on plutôt Spoek Mathambo, dont on attendait beaucoup dimanche soir. Trop peut-être. C’est pas dégueu attention, il y a de bons moments, mais y a un côté un peu bâclé parfois, c’est pas toujours très facile à assimiler. Le Sud-Africain ferait bien de plus poser son débit mitraillette. Bien drôle par contre le guitariste avec son look de touriste en chemise hawaïenne, tétant du Jack Daniel’s au goulot entre deux morceaux. Esprit Benicio Del Toro dans Las Vegas Parano.
On a zappé
Charlie Winston, Thomas “ ce n’est pas de la radio, c’est de la musique” Dutronc, Stephen Marley, Brigitte, Shaka Ponk… faut pas déconner non plus. Et puis El Hijo de la Cumbia dimanche à 2h du mat’ au Forum, la faute à la fatigue cette fois…
On a vu
Jocelyn Gourvennec, le coach de Guingamp, le vendredi soir. Connu pour être fan de U2, il se murmure que la Joce’ aurait été vu en train de slammer sur Charlie Winston. “Nothing’s gonna stop me.”
Le sosie de Jim Carrey dans Dumb et Dumber. Il joue du banjo dans Dionysos et s’appelle Stéphan Bertholio, merci Wikipédia. Dionysos qui, par ailleurs… a fait du Dionysos. Baboum, grosse décharge d’énergie, Mathias Malzieu qui slame plutôt deux fois qu’une, les tubes qui s’enchaînent, tout ça c’est peut-être fun, mais bon… Comment dire, c’est le même concert depuis une décennie, non ? Et puis musicalement, ça reste quand même pas mal brouillon.
Acapulco 44 samedi après-midi au Forum. Invités en tant que groupe local par les programmateurs, les Briochins ont permis de bien ouvrir les hostilités du deuxième jour du festival. Leur nouvel album, Haunting Movies, est toujours dispo chez tous les bons disquaires. Et il est bien’g.
Jean-Louis Brossard dimanche soir au Forum de La Passerelle. Le programmateur historique des Trans devait être en prospection pour la prochaine édition, certainement. Il n’a certainement pas été insensible à la prestation des Belges de BRNS, qui ont ouvert la soirée de fort belle manière…
Sosie toujours : celui de Besancenot investi par le NPA pour les prochaines législatives.
Les copains du Disquaire pour leur dernier DJ set au O’Kenny/B52. “On split car je quitte la boutique”, explique Alban qui, pendant le week-end, passera également derrière les platines au bar vip du festival. Au fond de la boutique, Gilles nous expose le planning de son week-end. “Vendredi, je vais rester sur une alcoolémie à moins de 0,5 car on ouvre la boutique samedi matin”. Et samedi soir ? Pas de boutique ouverte le dimanche…
Textes et photos : Bikini