Jessica93 : derrière ce pseudo de Skyblog, se cache Geoffroy, le nouvel homme fort de la scène shoegaze. Indépendance, banlieue parisienne et street credibility : le garçon originaire de Bondy nous dit tout.

En France, l’usurpation d’identité est passible de cinq années d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Une peine que pourrait encourir Geoffroy Laporte tant son nom de scène brouille les pistes. Car Jessica93 n’est pas cette lycéenne de Seine-Saint-Denis avec qui tu tchattais sur Caramail, mais plutôt un mec de 33 ans qui fait de la musique qui bastonne bien. Très bien même. Mais pourquoi ce nom si débilos ? « Si j’avais été une fille, ma mère m’aurait appelée Jessica. Ça me faisait marrer. »

Auteur avant l’été de son premier album Who Cares et vu à Rennes il y a quelques semaines aux Bars en Trans, Jessica93 n’est pourtant pas un petit nouveau. Navigant depuis 2005 dans différents groupes, dont Les Louise Mitchels, ce garçon a démarré il y a trois ans  – déjà – son projet solo.

« J’ai commencé à triturer des trucs tout seul de mon côté. Je les gardais pour moi jusqu’à ce que des potes m’appellent pour les dépanner sur une première partie. C’est flippant d’être seul mais c’est cool aussi : tu fais ce que tu veux. »

« Le rock’n’roll, ça s’apprend sur le terrain »

Après une tripotée de dates dans des rades et une notoriété grandissante, Jessica93 peut aujourd’hui se targuer de participer à l’actuelle dynamique du milieu rock indé initiée par les Pneu, Marvin, Cheveu, JC Satan et consorts. « La scène française est très riche. Il y a tout un tas de groupes DIY qui tournent énormément. C’est mortel. »

Une indépendance qu’a aussi adoptée Geoffroy. Pas de tourneur, pas de manager, juste un travail en co-production sur chaque disque avec plusieurs labels (Et mon cul c’est du tofu, Teenage Menopause, etc.) qui lui permet de toucher différentes scènes : noise, garage, métal… Ce cul entre deux chaises, Jessica93 le cultive aussi par son QG en banlieue parisienne. Le gars a grandi dans des bleds du 93 et vit aujourd’hui à Bondy.

« Grandir en banlieue, tu peux pas faire pire. Côté musique, c’est dur de trouver des potes dans le même délire que toi. Pareil pour les lieux de concerts, y a pas grand chose, pas d’endroit où tu peux être accompagné. » Un manque qu’il relativise et dont il se moque au final.

« Quand je vois des jeunes groupes qui après deux concerts dans une Smac et un passage sur France Inter sont autant robotisés sur scène, ça ne me dérange pas d’avoir dû jouer dans des lieux où t’as envie de te pendre. Le rock’n’roll, ça s’apprend sur le terrain. » J.M

Le 31 janvier à La Carène à Brest (avec JC Satan)
Paru dans BIKINI#15