/// TRANS 2014 /// Cold wave glaciale, textes anxiogènes et posture boudeuse : les Messins de Grand Blanc séduisent avec la bande son d’un monde à l’agonie. Aussi beau qu’un but de Frédéric Meyrieu dans les arrêts de jeu.
C’est un réflexe propre à tout provincial “montant” à Paris : retrouver du monde pour causer du pays, lequel manque forcément parfois un peu. C’est ainsi que Grand Blanc s’est formé : quatre échappés de leur Lorraine natale. « Metz c’est pas très grand alors forcément qu’on se connaissait tous de vue, mais ce n’est qu’une fois partis qu’on a vraiment fait connaissance. Tu sais comment c’est, des soirées où t’amènes des potes, tu discutes avec des potes de potes… »
Benoît mène alors des études en littérature et rencontre d’abord Luc et Camille – « eux pour le coup sont des amis d’enfance, ils ont fait le conservatoire ensemble » – puis Vincent. Leur intérêt pour la musique les réunit naturellement et les amène à envisager un projet commun. « Luc et Vincent étaient en école pour devenir ingé son, Camille étudiait le management musical. C’est sûr qu’il y avait une envie de pénétrer cet univers », confirme Benoît. Les débuts sont néanmoins hésitants.
« Pas peur de jouer dans des caves »
« C’était il y a cinq ans et c’était loin, très loin de ce qu’on fait aujourd’hui. Au début notre musique était folk. Peut-être qu’on n’était pas assez mûr pour envisager autre chose. Pour situer, le plus capé de la bande était Luc, qui avait été batteur dans un cover groupe de Blink 182 à 14 ans. Attention, ça défonçait son truc, hein ! Mais quand lui et Vincent, par le biais de leurs études, ont découvert tout le potentiel du home studio et de la musique par ordinateur, ça a été comme une révolution pour nous. »
Les synthés font leur apparition et viennent accompagner des textes tous signés de Benoît. « Il m’a fallu du temps pour me décoincer et écrire les choses qui me conviennent à moi, ainsi qu’à Camille qui chante sur certains morceaux. Quand t’es étudiant en lettres, les profs te font vite comprendre que t’as des choses qui sont dignes d’être littéraires et d’autres non. Je voulais sortir de ce schéma, même s’il y a encore un aspect très scolaire dans ma production, avec des textes saturés de jeux de mots et d’allitérations. »
Ses références ? « Bashung et Christophe », cite spontanément Ben. Léo Ferré n’est pas bien loin non plus… Au final, l’assemblage de cold wave et de paroles glauques ont convaincu le label Entreprise, grâce auquel un premier EP est sorti en septembre. « On s’y sent à notre aise, se satisfait le chanteur à la moustache naissante. Ce n’est ni une major ni un label trop obscur. C’est dans cette intervalle qu’on souhaiterait faire évoluer Grand Blanc : un groupe qui n’a pas peur de jouer dans des caves mais qui n’a pas honte non plus d’apprécier Christine and the Queens. »
Le 5 décembre aux Trans Musicales de Rennes
Régis Delanoë
Photo : Adrien Landre
Paru dans BIKINI#19