/// ACTU /// Lancé le 31 mars place de la République à Paris à l’issue de la manifestation contre le projet de loi de réforme du droit du travail, le mouvement Nuit Debout fait des émules en Bretagne. Depuis le 5 avril à Rennes et à Brest, ce nouveau rassemblement citoyen s’est aussi installé à Morlaix, Lorient, Saint-Brieuc, Quimper ou encore Redon. Nous sommes allés à la rencontre de ses participants.

Laura Rennes 1

Laura, 21 ans, étudiante en informatique, Rennes

Pourquoi t’es là ?
Pour me dire que je suis pas toute seule à penser que cette société c’est de la merde. Il y a une envie de s’organiser pour créer quelque chose de nouveau.

Tu fais quoi à Nuit Debout ?
J’ai créé ma propre commission : art et créativité. J’ai fait des débats sur ce sujet ainsi que sur le féminisme, la sensibilité… J’ai appris aussi beaucoup de choses sur l’écologie.

Qu’est-ce que tu recherches ici ?
Des rencontres, participer à des actions… faire changer les choses.

Est-ce que tu votes ?
Oui mais uniquement pour les petits partis pour leur donner une possibilité de s’exprimer.

Ils en pensent quoi tes parents ?
Ma mère a un peu peur mais elle est plutôt contente…Elle était militante dans sa jeunesse.

T’as pas peur de louper tes partiels ?
Non ça va. J’ai deux semaines de révisions. Cette semaine, je suis à fond dans Nuit Debout. La prochaine, à fond dans les exams.

Thomas

Thomas, 32 ans, en reconversion professionnelle dans le commercial, Brest

Pourquoi t’es là ?
Pour mettre ma pierre à l’édifice pour faire masse. C’est la toute première fois que je participe à un truc comme ça dans ma vie.

Quel est le but de Nuit Debout ?
Reprendre en main le cours de la société. Le système dans lequel on est dysfonctionne. Il y a des choses à mettre à plat et, selon moi, seuls les citoyens peuvent le faire.

Qu’est-ce que tu aimes à Nuit Debout ?
Rencontrer des gens et créer du lien. Ici, on rencontre des personnes et on parle avec elles de sujets qu’on n’aborderait absolument pas si on les croisait dans la rue.

Qu’est-ce que tu espères du mouvement ?
Qu’il va rassembler large : du chef d’entreprise au SDF, du jeune au vieux.

Nuit Debout en un mot ?
Convergence.

Victor, 19 ans, futur étudiant en musicologie, Rennes

Pourquoi t’es là ?
Je suis contre la violence qu’on trouve dans les manifs contre le projet de loi El Khomri. S’il y a un endroit où quelque chose d’intéressant peut se passer, c’est ici, à Nuit Debout.

Ça fait combien de nuits que t’es ici ?
Je suis là depuis le début. Je suis crevé.

Qu’est-ce que tu attends du mouvement ?
Que ça éclaire l’esprit de certaines personnes. Qu’un nouveau réseau citoyen naisse.

T’as participé à des débats ?
J’aimerais. Mais je suis quelqu’un de très timide. Je regarde tout ça de loin pour le moment.

Nuit Debout en un mot ?
Apéro…Non je rigole ! Je dirais « construction ».

Laurence Morlaix 2

Laurence, 53 ans, enseignante, Morlaix

Ça fait combien de nuit que vous êtes ici ?
C’est la quatrième.

Vous êtes venu seule ?
Non. Je suis venue avec mon chien.

Pourquoi vous êtes là ?
Je suis une militante associative et politique désabusée. La gauche au pouvoir n’a été qu’un échec. Mais quand on voit des partis comme Podemos en Espagne on se dit : pourquoi pas en France ?

Concrètement, que faites-vous à Nuit Debout ?
On fait des ateliers d’éducation populaire. Les gens ont envie d’échanger, de s’informer, d’apprendre des choses. Le savoir ne vient pas que d’en haut.

Qu’est-ce que vous préférez ici ?
Le fait qu’on peut se connecter avec des personnes qu’on ne rencontrerait jamais dans la vie de tous les jours.

Benji

Benji, 22 ans, animateur, Brest

Ça fait combien de nuits que t’es ici?
C’est ma neuvième nuit.

Pourquoi t’es venu ?
Parce que je suis dans toutes les luttes sociales et égalitaires. Récemment j’étais à Calais, Notre-Dame-des-Landes ou encore j’ai protesté contre l’état d’urgence. Nuit Debout, c’était un peu la suite logique.

Qu’est-ce que tu recherches ici ?
À créer du lien social, faire des actions et sensibiliser les gens à la lutte.

Qu’est-ce que tu aimes à Nuit Debout ?
Faire vivre l’espace public, la démocratie directe. On fait la loi ici. Pas en mode dictature hein, je veux dire qu’on est libre.

Tu fais quoi quand tu viens ici ?
Aujourd’hui (hier, ndlr) par exemple, nous sommes allés dans les quartiers de Bellevue à Brest pour expliquer aux gens que le mouvement existe, qu’il n’est pas loin de chez eux et qu’ils y sont les bienvenus.

Fanny Rennes 1

Fanny, 24 ans, sans emploi, Rennes

Ça fait combien de nuits que t’es ici ?
C’est la première fois que je viens à Nuit Debout.

Pourquoi t’es venue ?
J’aime bien cette idée de rassemblement populaire et de non-violence.

Qu’est-ce que t’as fait pour l’instant ?
Ce soir, j’ai écouté l’assemblée générale. Certains se plaignent et disent que rien ne se passe. C’est vrai qu’il y a une ambiance flottante. Les gens sont dispersés, font des débats entre eux. Tout semble désorganisé, c’est bizarre. Je ne sais pas où aller…

Tu penses rester toute la nuit ?
Je ne sais pas…Je dois participer à un débat sur les médias et la communication là…

Joffrey Rennes 1

Joffrey, 24 ans, sans emploi, Rennes

T’es là depuis quand ?
Depuis le début. Je voulais d’abord aller au rassemblement de Paris mais j’ai vu que le mouvement avait aussi pris à Rennes.

Tu fais quoi ici ?
Je fais des comptes-rendus… On appelle ça la commission de mémoire. On veut garder tout ce qui se dit ici.

Qu’est-ce que tu recherches ici ?
Que les gens réfléchissent et que les solutions viennent d’eux et pas des autres. Le savoir appartient à tout le monde.

Tu votes ?
Non. Je n’ai jamais voté de ma vie.

Tu restes vraiment toute la nuit ?
Oui, jusqu’à 5 h du matin.

Blaithin Morlaix 2

Blaithin, 52 ans, comédienne, Morlaix

Ça fait combien de nuit que vous êtes ici ?
C’est la quatrième.

Vous recherchez quoi à Nuit Debout ?
À échanger sans compter le temps. Je veux laisser libre court à mes idées et trouver des modes d’action pour poursuivre la lutte contre les injustices.

Vous espérez quoi du mouvement ?
J’espère qu’il va prendre de l’ampleur ici, en Bretagne, en France et même en Europe. Il faut qu’on se ligue contre le bloc économique et le système marchand qui nous étouffe.

Nuit Debout en un mot?
Avenir.

Matthias

Matthias, 26 ans, chômeur, Brest

Ça fait combien de nuits que t’es ici?
Je viens tous les soirs depuis le début.

Pourquoi t’es venu ?
Je ne me reconnais plus dans la société qui nous entoure.

Pour toi, c’est quoi le but de Nuit Debout ?
Un des buts, à mon avis, est de réécrire la Constitution qui ne nous ressemble pas.

Est-ce que tu votes ?
Je ne vote pas car le vote blanc n’est pas comptabilisé… Personnellement, ni la droite ni la gauche ne me plaisent. Mais le problème à mon avis ne vient pas seulement de la politique française… Celle-ci est soumise à l’économie internationale. Elle est là la source du problème.

Qu’est-ce que tu espères du mouvement ?
Qu’il apprenne aux gens que, peu importe les divergences, on peut s’unir. J’espère qu’il perdurera et c’est pour ça que je suis là tous les soirs. C’est vraiment fatigant, mais quand je rentre chez moi le soir je n’ai pas l’impression d’avoir perdu mon temps.

Recueilli par Manon Le Roy Le Marrec