DSC_0200/// CHARRUES 2016 /// Têtes d’affiche, découvertes, tubes… On dresse nos tops de cette 25e édition des Vieilles Charrues. Quelqu’un a de la Biafine ?

Top 3 des valeurs sûres

Pixies
Au cœur de la vaste et très grand public programmation que propose chaque année le festival carhaisien, il y a toujours quelques gros noms du rock qui ressortent. Du genre à prendre un gros chèque mais à le mériter en proposant un set de qualité comprenant des morceaux connus de tous. En attendant un jour peut-être de voir les Red Hot à Kerampuil, voire Rage Against the Machine, on a eu droit cette année dans ce registre à ces chers Pixies, qui remplissent tous les critères de la valeur sûre : du bon gros son bien lourd, un groupe hyper calé (mention spéciale au guitariste Joey Santiago), des tubes reconnaissables dès le premier rif, dont l’inévitable Where is my mind, survenu sans prévenir à peine au milieu du set (pas le moment pour aller pisser ou recharger son godet), pour une impression globale hyper sérieuse. Limite trop pro d’ailleurs, c’est le seul bémol à apporter. A part quelques timides sourires de Paz Lenchantin (la bassiste qui a remplacé Kim Deal), tu sens que ça déconne pas trop chez les Ricains. Frank Black, avec ses faux airs de Philippe Etchebest, n’est clairement pas sur scène pour taper la discute et se faire des amis. « Hello », « Goodbye » et une heure et demi d’un concert collant pile poil au son des albums du groupe.

Libertines
Valeur sûre aussi pour les Libertines samedi soir mais dans un registre totalement différent à celui des Pixies. Les Anglais ont offert un concert hyper foutraque, déglingué souvent, parfois à la limite du raté (un gros passage à vide au milieu du set), vite récupéré par de sublimes morceaux issus des deux premiers albums mythiques du groupe (Time for heroes, Can’t stand me know, Up the bracket ou encore le génial Don’t Look Back Into the Sun pour achever le très bon rappel). C’est à l’image des gus en fait, et de Pete Doherty en tête : un génie qui titube, qu’on sent même proche de s’écrouler mais qui se reprend, s’accroche à sa guitare et au micro central qu’il partage avec son « frère » Carl Barat, les deux s’époumonant les visages collés l’un à l’autre. Vraiment, il y a quelque chose de touchant à voir ces héros du rock sortis (un peu) de leurs excès pour revenir au premier plan avec leurs deux acolytes, l’impassible John Hassal à la basse et l’ambianceur de vestiaire Gary Powell aux futs. Pete Doherty baragouine du mauvais français, a le bide qui dépasse de la chemise, paraît parfois complètement perché mais il a retrouvé sa voix d’il y a bientôt 15 ans et c’est l’essentiel. Carl Barat assure à ses côtés et les deux finissent par s’enlacer sur un ampli pour un dernier larsen et un interminable adieu au public des Charrues. Pas poseurs ni calculateurs, juste heureux d’être encore là. En même temps c’est inespéré.

Lana Del Rey
lana
Au milieu de la poussière de Kérampuilh, des nuques rougies par le cagnard et du ketchup qui dégouline, la parenthèse Lana Del Rey s’est imposée comme le moment douceur de ce quatrième jour. Certainement la plus jolie et la plus délicate prestation du dimanche après celle de Lilly Wood & The Prick (blague). Pour sa date unique en France cet été, Elizabeth Woolridge Grant de son vraie nom a surtout pioché dans le répertoire des albums Born to Die et UltraViolence (Cola, West Coast, Blue Jeans et – forcément – Video Games) pour séduire Carhaix avec sa pop voluptueuse. En particulier ses fidèles et dévoués fans au premier rang qui, entre deux morceaux, ont eu droit à une séance de selfies et de bisous non feints. Contribuant ainsi au personnage Lana Del Rey, à la fois diva et bonne copine. Si quelques concerts de cette 25e édition nous ont semblé un peu trop longs (moyen d’en raboter certains de trente minutes easy), celui-ci de la New-Yorkaise (programmée une heure et quinze minutes) aurait mérité une lichette supplémentaire, tant sa douce sortie de scène nous laissa un goût de trop peu.

lana selfie
selfie-lana(source : Instagram)

Top 3 des reprises

Ladylike Lily
lady
Programmée dans le cadre du dispositif Label Charrues, la Finistérienne a mis de côté le folk de ses débuts pour une pop délicate, accompagnée sur scène d’un clavier et d’un batteur (celui de Totorro). C’est pourtant seule que la chanteuse s’est avancée avec sa guitare électrique pour une reprise de Sans Contrefaçon de Mylène Farmer en fin de set. À mots doux, elle peut le dire.

Louane
S’il y a bien un groupe qu’on n’aurait pas forcément imaginé être repris par la jeune Nordiste, c’est Blur. Oui oui, Blur, monument de la brit-pop et auteur des mythiques Song 2, Charmless Man ou encore Parklife. Dimanche sur Glenmor, c’est Girls & Boys qui a été repris (défiguré vous dîtes ?) par Louane, qui s’est également attaqué à Imagine de John Lennon. Allo la police du respect, je vous appelle pour signaler un délit.

Hyphen Hyphen
En France, Chris Isaak est surtout connu pour avoir servi de support sonore aux pubs sur les produits laitiers (« des sensations pures ») et pour son tube langoureux Wicked Game, qui fait le bonheur des auditeurs de Chérie FM. A priori pas forcément la cible des Hyphen Hyphen mais le groupe niçois s’est pourtant acquitté de cette reprise lors de son concert samedi après-midi sur Xavier Grall. Pas une première : il l’avait déjà interprété il y a un an sur le plateau de Taratata. Oui, ça existe encore comme émission.

Top 3 des frangins-frangines

Ropoporose
ropo
Comment un être aussi petit peut-il crier aussi fort ? C’est la question qu’on s’est posée face à Pauline (18 ans), moitié du duo Ropoporose qu’elle forme avec son frère Romain (25 ans). Les deux zigotos du Loire-et-Cher (dont on avait fait le portrait en avril) ont défendu leur noise rock lors d’un set tonique qui a parfaitement lancé la journée du vendredi sur Grall. Frais et musclé, comme un mélange vodka-lait.

Ibeyi
Vues aux Indisciplinées à Lorient en novembre dernier, les deux jumelles Franco-Cubaines sont depuis à fond les ballons. Grosse tournée en France et dans le monde (Coachella notamment), collaboration avec Beyonce… le duo Ibeyi (qui signifie jumelles en langue yoruba) a poursuivi sa folle année en réveillant Kerouac le samedi grâce à une soul teintée de percus et samples hip-hop. À l’heure de la première bière, ça passe crème.

Disclosure
disclosure
Déjà vus en 2013 à la Route du Rock, les frères Howard et Guy Lawrence étaient de retour en Bretagne avec pour mission de clore la soirée du vendredi. Mission dont ils se sont globalement très bien acquittés puisqu’il restait encore beaucoup de festivaliers devant la scène Glenmor lorsque le spectacle son et lumière des Anglais s’est achevé vers 3h du mat’. Un spectacle globalement de très bon goût hormis quelques escapades un peu trop house r’n’b (l’avant dernier morceau du concert, Moving Mountains, avec le chanteur Brendan Reilly en guest, c’est non). À respectivement 22 et 25 ans, les frangins sont déjà tout au-dessus, c’en serait presque écœurant.

Top 3 des sosies les plus approximatifs de Polnareff

Jean-Alain, 50 ans, Quimper
sosie1Depuis quand t’es fan de Polnareff ?

J’ai toujours vécu avec.

Chanson préférée ?
Lettre à France, forcément.

Anthony, 40 ans, Pontivy.
sosie2T’es un gros fan ?
Les chansons de Polnareff représentent 25 années de ma vie. Je suis fan depuis que je suis jeune.

Tu aimes quoi chez lui ?
Sa voix, même si aujourd’hui ce n’est plus trop ça. Et puis, c’est un mec qui a toujours été en avance sur son temps. Il parlait d’Internet et des SMS avant que tout le monde n’en parle. Faut que tu écoutes.

Fred, 42 ans, Saint-Thois
sosie3Alors content de voir Polnareff ?

Je l’aime bien, mais c’est surtout pour le déguisement en fait. Pour faire des rencontres, y a rien de mieux. Tout le monde vient te parler et faire des photos. (Un gars nous interrompt pour faire un selfie avec lui) Tu vois ? Ça arrête pas. Allez salut !

Top 3 des groupes programmés au chapiteau Gwernig

La Colonie de vacances
colo
Souvent délaissée, la scène Gwernig, la quatrième après Glenmor, Kerouac et Grall, affichait cette année une programmation loin d’être vilaine. Jeudi, c’est ainsi La Colonie de vacances (formée des groupes Electric Electric, Pneu, Marvin et Papier Tigre) qui a fait tremblé le chapiteau grâce à son dispositif fou-fou de quatre mini-scènes, chacune dispatchée dans un coin, avec le public au centre. Ce dernier prenant par tous les côtés (TWSS) le math-rock de cette formation en 4D.

Feiz Noz Moch
feiz
Quand des Bretons rencontres des Gascons, on se dit que les soirées doivent être du genre sympathiques. Ça triche pas, c’est généreux, ça fait pas de chichi. Revisitant le répertoire de ces deux territoires, le projet Feiz Noz Moc’h (accompagné par Le Manège à Lorient) mêle chants bretons et occitans, batterie lourde et vielle à roue. Et moi pendant c’temps-là, j’tournais la manivelle ! Et moi, pendant c’temps-là, je chantais dans les bois ! la la lala la la….

Jambinai
jambinai
Souvenez-vous, c’était la révélation des Transmusicales de Rennes en 2014. Les Sud-Coréens font leur trou avec un style musical pourtant sans concession : des montées interminables, des accès de fureur parfois à la limite du bruitisme, un jeu de scène à la limite de l’autisme (tous assis, le leader se tortillant dans tous les sens, possédé par sa guitare) et des instruments traditionnels qui troublent les oreilles de premier abord. Pas sûr que Bernard, commercial chez Cozigou, venu avec sa petite femme et les gosses pour Voulzy/Souchon et Louise Attaque ait tellement kiffé. L’expérience sonore vaut pourtant le coup, jusqu’au morceau final totalement hypnotisant, pendant asiatique du Hoppipola des Sigur Ros.

Top 3 des musiques de pub

Jake Bugg
Un couple se réveille à l’aube dans un hôtel de luxe, fonce dans son Tiguan pour rejoindre leur tente en plein forêt avant de faire croire à leurs potes qu’il y a passé la nuit : « Vous allez prendre goût au confort ». Si le morceau Lightning Bolt du British Jake Bugg (programmé le dimanche) a servi de bande-son pour cette pub de Volkswagen, c’est surtout une excellente allégorie des envies de dodos douillets après une nuit au camping du festoche.

Her
Au championnat du monde des effets de manche, nul doute que les Rennais de Her auraient fini numbeur ouane. Au-delà de son jeu de scène un brin agaçant, la nouvelle formation de Victor et Simon, deux ex-The Popopopops, a pourtant du répondant. Leur pop sensuelle, entendue aux Trans 2015, tient super bien la route (cette guitare sur Quite Like !), à l’image du titre Five Minutes dont Apple s’est servi pour habiller son dernier spot.

Flavien Berger
Le gazier est un drôle d’énergumène. Électro psychédélique, paroles surréalistes et réflexions métaphysiques à la Tranxen 200: le Parisien peut dérouter mais son set planant et perché a quelque chose d’étonnamment addictif. Comme sur le morceau La Fête Foraine, choisi comme synchro pour la dernière pub Axe. Très pratique d’ailleurs pour éviter la case douche sur les campings.

Top 3 des groupes programmés à La Route du Rock

Tindersticks
tinderstick
Si la prog’ des Charrues est depuis longtemps déjà étiquetée « grand public », elle contient chaque année des noms que ne renierait pas l’exigeant public de la Route du Rock et son goût pour le rock indé. Tindersticks sera d’ailleurs à l’affiche du festival malouin en août, pour la troisième fois après 1999 et 2008. Au Fort Saint-Père, on sait apprécier les berceuses mélancoliques de l’étrange Stuart Staples, sa voix hyper grave, ses morceaux langoureux. Aux Charrues, en milieu d’après-midi, c’est un peu plus compliqué d’apprécier, surtout quand tous les fans de Polnareff, programmé juste après, commencent à affluer bruyamment sur Kerampuilh pour se placer.

Fidlar
fidlar
Il n’y a pas que Tindersticks à doubler Charrues et Route du Rock cette année : c’est le cas aussi des joyeux zozos de Fidlar, qui ont foutu un joyeux bordel sur la scène Xavier Grall vendredi en fin d’après-midi. Devant une bâche griffonnée, les Californiens ont calé le concert qu’on attendait d’eux : du rock de lycéens, entre Wavves, Bad Religion et Blink 182. West Coast, Cheap Bear, No Waves, 40 oz. On Repeat… Tous les tubes déglingos des affreux sont passés nickel. Session de rattrapage dans un mois à Saint-Malo, donc.

Suede
suede
Contrairement aux deux autres, Suede ne sera pas au fort de Saint-Père en août mais c’est pourtant un set parfaitement « Route du Rock compatible » qui a été proposé samedi par le groupe anglais sur la scène Kerouac. Il a d’ailleurs déjà été par deux fois par le passé à l’affiche du festival malouin, en 1996 puis en 2002. Reformé en 2013 autour de son leader Brett Anderson, Suede a sorti un nouvel album plutôt convaincant au début d’année, le dénommé Night Thoughts. S’il ne restait qu’un représentant du légèrement ringard et maniéré glam rock sur cette planète, c’est bien eux.

Top 3 des personnages de film

Petit Biscuit
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C’est l’un des meilleurs personnages secondaires de la saga Shrek : Tibiscuit (et son papa « Papatissier », vive la version française parfois). C’est aussi le nom de scène choisi par Mehdi Benjelloun, 16 ans (oui, oui, 16 ans, l’époque où t’avais à peine remisé ta voiture électrique dans un carton au grenier), la nouvelle star montante de l’électro ambient tricolore. Seul sur scène, avec ses machines et sa guitare, le gamin a assuré sans (presque) timidité, avec déjà beaucoup d’aisance pour proposer un set parfaitement adapté au moment : samedi après-midi, sous le cagnard, à l’époque des premiers godets de bière fraiche de la journée. À la bieeeeen !

Guizmo
Comme les Gremlins, Guizmo n’est pas du genre à aimer l’eau. Mais plutôt la tize et – surtout – la weed dont le rappeur du 92 a chanté les mérites et louanges durant (presque) tout son set sur Glenmor. Pourquoi pas après tout. « Y’en a qui le mystifient, moi j’en fais son apologie ! »

Mickey 3D
Mickey, c’est le nom des petites boules de merde qui se forment dans tes orifices nasaux. C’est aussi le nom de la fameuse souris aux grandes oreilles, enfantée par Walt Disney en 1928. Et puis c’est le nom de scène de Mickaël Furnon, fondateur d’un groupe né il y a un peu moins longtemps mais pas tant que ça, en 1996. Toi aussi, avoue, tu croyais Mickey 3D mort, ou en tout cas inactif, appartenant au passé. Ben non, le chanteur au phrasé blasé façon Vincent Delerm est toujours là avec son « crew » stéphanois et a squatté une ‘tite place dans la dense prog’ des Charrues, jeudi en fin de soirée. Manquerait plus qu’on nous annonce que Dionysos aussi a repris du service. Oh wait ?

Julien Marchand et Régis Delanoë
Photos : Bikini
Vidéos : Vieilles Charrues, Culture Box