2h15. David Guetta/Stromae. L’electro cool du dernier contre l’electro con du premier. Kérampuilh plein à craquer (impressionnant sur ce coup il faut l’avouer) et assistance conquise d’avance, le DJ Parisien a balancé des hits à la fois grandiloquents et cheap. Puis levé les bras au ciel de longues minutes, presque sur chaque morceau, face à une plaine qu’il venait de transformer en discothèque. Deux scènes/deux ambiances. Car plus tôt dans l’aprem, Stromae, malgré un son cradingue sur Xavier Grall, venait d’assurer une nouvelle fois un set cohérent et, surtout, pas dénué de sens. Depuis son passage aux Trans où il a conçu le spectacle de son actuelle tournée, le Belge sait y faire. Point d’orgue : un Alors on danse d’une quinzaine de minutes.

David Guetta, scène Glenmor (Photo : Lionel Le Saux)

23h. Pas évident pour Miles Kane de planter le drapeau british plus haut que Jarvis Cocker la veille. Propulsé sur la scène Glenmor en remplacement de M.I.A, l’ancien leader des Rascals et actuel compère d’Alex Turner sur The Last Shadow Puppets a dû cravacher pour mettre Kérampuilh dans sa poche. Car, au début, tout le monde avait l’air de s’en battre royal. Puis, viennent les morceaux Rearrange et, surtout, My Fantasy, bien portés par son très bon batteur rouquemoute. A Carhaix, loin de son île, Miles Kane osa même porter le maillot de l’équipe de France, floqué de son nom et d’un numéro 7. Celui d’un « fucking ghost ».

Miles Kane (photo : Lionel Le Saux)

21h. Malgré la flotte, Barrington Levy tient son public. Faut dire qu’il est raide à chier. Et pourtant, il fait encore jour. Ce vendredi s’annonce plus sportif que la veille. Un gars se vide une pom’pote remplie de vodka dans son gobelet. Les meufs sont pas les dernières non plus. Une fan de « Norman fait des vidéos » nous apprend même que, c’est bon, elle n’est plus timide : « Ohhhh, chui plus timiiiiiide ». Un cri de guerre qu’elle inscrira au marqueur sur sa jambe. « AMAZING. »

18h35. Depuis son passage à Art Rock en juin dernier, The Inspector Cluzo n’a rien perdu de sa grande gueule. Sur Grall, le grand chauve et le petit gros barbu envoient du pâté. Et continuent à chier sur tout ce qui bouge : les bassistes, Sarko, les DJ… Tradition oblige, le guitariste attaquera par un nouveau taquet contre Ben L’Oncle Soul, son chouchou. Les saillies ponctueront chacun des titres du duo qui envoie un son lourd et fort. Une recette simple mais qui fonctionne bien en festival. Comme sur Fuck the bass player et sur le summer hit I want to fuck the wife of the french president. Pour un set d’une cinquantaine de minutes finalement plutôt rigolo où il fera monter sur scène une nana (« Allez danse, fais ce que tu veux. Mais en Hongrie, à la fin, les filles se touchent les seins ») et un gars qui finira en calebard (« Bon, toi le peigne-cul, vire moi ton K-way Guy Cotten, ton polo et ton pantalon. Danse ! Tu as le droit de surenchérir. Bon allez, maintenant, casse-toi »).

The Inspector Cluzo

 

 

17h. La prog’ est décidément bien faite, puisque débarque dans la foulée sur la scène Glenmor l’un des plus solides représentants de la scène soul-rock actuelle, The Bellrays, porté par la charismatique chanteuse Lisa Kekaula. Une heure avant son concert, elle donnait une conférence de presse au cours de laquelle elle estimait que le dernier album sorti, Black Lightning, était, selon elle, « le meilleur du groupe depuis ses débuts » au début des années 1990. Bon, en même temps, elle n’allait pas dire le contraire… Il n’empêche, les Bellrays jouissent d’une solide réputation dans le milieu, et quelques compatriotes de la nation rock se mêlent au public, parmi lesquels les Gascons fous d’Inspector Cluzo et Denis Barthe, ex-batteur de Noir Dès’, aujourd’hui membre des Hyènes, qu’on a malheureusement zappé la veille. Avec expérience, les Bellrays assurent une solide prestation. Cette deuxième journée des 20 ans est décidément partie sur de bonnes bases.

The Bellrays

16h. Lauréat en 2010 des Jeunes Charrues, The Octopus se voit confier l’ouverture de cette deuxième journée. Le rock burné des Finistériens (auquel succéderont ceux de The Bellrays, d’Inspector Cluzo et de Foals) a les moyens de réveiller Kérampuilh qui se remet doucement de sa première nuit. Sur les campings, ça sentait davantage la défaite en cette fin de matinée. Trois types de festivaliers se croisaient : ceux qui arrivent, ceux qui décuvent et ceux qui poursuivent. Ces derniers sont plutôt marrants et assurent l’ambiance. « Salut les gars, jpeux vous prendre en photo ? APERO !!!! » Pas dit que tous soient à l’heure pour les concerts. Les premières gouttes d’eau – oui, de l’eau les garçons – sur Carhaix devraient en réveiller.
Pas loin de l’espace presse, Arnaud Montebourg, venu dédicacer son bouquin à Carhaix, fait une halte au festival. Il essaie de taper la discut’ avec des kids. Bide. Le gosse beau de Bresse quitte vite les lieux, serrant deux, trois paluches à la volée. On se dirige donc vers le concert du vainqueur du tremplin Jeunes Charrues 2010. Devant une assistance encore assez maigre et très jeune – les aînés doivent encore cuver, prends ça la vieillesse – The Octopus assure un set très, très honnête, sans fausse note. Ils ont même le bon goût d’inviter le vétéran Dominic Sonic (« il nous a tout appris », rend hommage Steevy, le chanteur) pour une reprise sévèrement burnée de l’hymne rock Kick Out the Jam du MC5. Prochaine date des gars de Douarnenez le 10 septembre au festival Ouf de Saint-Brieuc.

The Octopus (photo : Lionel Le Saux)

Textes et photos : Régis Delanoë et Julien Marchand