23h. Voilà le moment chelou du week-end. Hanggai, une bande de punks mongols qui débarque sur la scène Kermarrec. Sapés comme les méchants dans Power Rangers, ces cinq gars jouent du no future from les steppes d’Asie, avec un chanteur bidoufe en avant. Et c’est plutôt bon. Passé l’effet de surprise, on assiste à un set plus punk que trad’. Bières, slam, jets de pied de micro. Si on est fan des instruments à cordes asiatiques depuis Tigre et Dragon, ces keupons l’intègrent bien à leur tryptique guitare/basse/batterie. C’est chouette. Dans le public, alors qu’une nana insiste auprès de nous pour qu’on  la fasse monter sur scène, une autre fait du hula-hoop quelques mètres plus loin. Elle en jouera frénétiquement avec son cou lors du rappel d’Hanggai. Moment chelou jusqu’au bout.

 

Lail Arad, pour la carte blanche Moriarty

19h30. Découverts aux Trans 2010, les Colombiens de Systema Solar ont réveillé une journée qui, depuis ses débuts, était à moitié chiante en fait. Avec leur cumbia digitale, les gars en pyjamas fluos ont sorti leurs grosses beats, rappelant le dynamisme qu’avait su apporter, en 2007, Balkan Beat Box. Même scène (Kermarrec), énergie hip-hop, toasting et jump. Bien bien cool. Dreadeux, ptites meufs et kids dans le public avaient l’air du même avis.

Au chapiteau, c’est nettement plus roots avec Professor, le chanteur de Groundation, qui donne dans le gros reggae des familles. Ambiance familiale durant ce concert, où l’on croise un père de famille, un gamin dans un bras, un pichet de Coreff dans l’autre, pendant que môman traîne mollement la poussette derrière. Ambiance typique du Bout du Monde, à l’image de ce qu’on a entraperçu une heure et demie plus tôt sur la scène principale avec Afrocubism, un mix de musique caribéenne avec des zicos maliens. Yo les gars.

16h35. Ils appellent ça « la ligne rouge ». Ce moment délicat où tu viens tout juste de débourrer de la veille, où tu ne t’es pas encore pris l’attaque du jour, mais où tu es juste bien. En apesanteur, comme dirait Calogéro. Un joyeux petit groupe de d’jeunes, bouillasse en bas du futale et valoche sur les joues, nous font l’analyse de leur état d’esprit du moment. On n’est pas loin d’être d’accord avec eux. Jour 2, milieu d’après-midi, après une matinée pluvieuse, la charmante Yaël Naïm prend possession de la scène principale. Accompagnée du percussionniste David Donatien, la Franco-Israélienne débute son set en douceur au piano, avant d’attaquer par les tubes de son avant-dernier album, dont l’inévitable New Soul, rendu célèbre par la pub pour le Mac Book Air. C’est frais, c’est cool, on apprécie, d’autant que le soleil est revenu dans le ciel. Et un festival sous le soleil, c’est quand même nettement plus agréable que sans. C’était l’instant Gillot-Pétré, du jour.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, on a vu les 17 Hippies qui en fait sont treize. Cette fanfare berlinoise pioche dans les répertoires traditionnels de chaque pays. Alors forcément, y’a des bons trucs et trucs un peu à iech. Pour un Bout du Monde, on reste forcément plus enjoué lorsqu’ils s’attaquent au klezmer, moins quand ils s’enlisent dans une sorte de country-folk. Campagne d’accord mais bon faut pas trop déconner non plus. Sous un chapiteau qui a permis aux premiers festivaliers de se protéger de la flotte, on en croise se réveillant, l’air perdu. Hello, is it me you’re looking for ?

Au même moment, sur la scène Kermarrec, Moussu, le gars de la Ciotat, chante les « calanqueuh », les « topeuh-modèles » et autres trucs « bien’g ». Avé, l’assent, con’g.

Textes et photo : Régis Delanoë et Julien Marchand