1h15. Roussel in da place. Dernier concert du soir, le nouveau héraut du rock RTL2, transfuge de Louise Attaque, déboule sur la scène principale, à grands coups de « woo woo ! » du public. L’Aveyronnais balance ses tubes et réalise, mine de rien, un bien joli carton, avec ses tubes Help myself et Inside outside. Tel un signe, on clôt cette première soirée en attendant – on en salive d’avance – l’arrivée sur scène d’I Muvrini avec le Bagad de Plomodiern. Miam.
23h30. On était prévenu que le Bout du Monde était un festival à la cool. Et pourtant, voir un groupe débarquer en entier sur scène faire ses balances en commençant mollement son concert surprend. C’est pourtant bien ce qui s’est passé sur la scène principale avec le Staff Benda Bilili, qui joue un quart d’heure de vrai-faux concert sans le son, devant un public interloqué. « Ils ont commencé, ou bien ? », nous demande un joli brin de fille, un poil désarçonnée. Non, damoiselle, sèche tes larmes, les gars en fauteuil venus de Kinshasa débutent bien à l’heure prévue, 20h45, pour un set bien sympatoche, qu’on avait déjà vu il y a quelques semaines à Saint-Brieuc lors du festival Art Rock. Le groove est bon, voire même très bon, quoique un peu répétitif, si l’on veut faire les difficiles. Il n’empêche, ce concert lance bien cette première soirée d’un festival annoncé à guichet fermé par les organisateurs.
Il est temps alors de se restaurer. On file au Chaudron, la cantine du festival, où les chefs nous ont concocté une bonne prog. Meilleure que celle des Francos en tout cas : charcuterie, paupiette/frites et fromage. Rosé/rouge à volonté. Coolos les cuistots.
Au chapiteau, c’est l’heure de la digestion avec Marcio Faraco, qui balance une bossa-nova langoureuse devant un public familial, qui apprécie. Nous, déjà nettement moins. Un moment Schoups.
On se dirige alors vers la scène Kermarrec pour l’un des coups de coeur de l’équipe du festival : les quatre jolies Norvégiennes de Katzenjammer. Pour leur deuxième passage de la soirée, elles ont fait le plein. Difficile de se frayer un chemin. Bouche-à-oreille depuis leur prestation de 18h ? Peut-être. Nul doute en tout cas qu’elles savent mettre leur paquet sur la table. Si tous les morceaux ne sont pas à garder (ceux où elles ont un peu tendance à gueuler), certains sont vraiment chouettes, notamment ceux qui mettent en avant trompette et ukulélé. Oui, trompette et ukulélé.
En face, sur la grande scène, Catherine Ringer a déjà débuté. Sans son a(l)colyte Fred Chichin, la Rita Mitsouko semble un peu orpheline, disons-le tout de suite, mais elle assure, avec courage, un concert mixant quelques-unes de ses compos solos – les moins efficaces – avec des reprises du groupe mythique des eighties.
19h30. On arrive devant Moriarty dont on a loupé le début de concert. La faute à un pot d’inauguration du festival lancé par l’organisation. Du coup, on a raté les trois premiers morceaux où on avait le droit de faire les photos. On les tapera de loin, ranafout’. Pour sa première soirée au BdM (avant sa carte blanche de demain, lire BIKINI #2), le groupe folk attire la prairie. Le soleil est couchant, les babos sortent du bois, poils sous les bras. Moriarty, y’a des gens qui aiment. Nous, on n’écoute pas trop France Inter, alors on s’en fout un peu quoi.
Crozon, festival du Bout du Monde, douzième édition, 16h45. La bière est fraîche, l’air est plus chaud. Sur la scène Landaoudec, les Roumains de Ciocarlia lancent les hostilités. Une attaque frontale de cuivres. Les onze gars, découverts il y a une quinzaine d’années alors qu’ils écumaient les mariages roumains, se revendiquent comme « la fanfare la plus rapide de l’est ». Piochant autant dans le répertoire trad’ que dans les standards (Born to be wild…), ils jouent vite et bien, mettant le pied au plancher pour l’ouverture. De quoi attirer les festivaliers qui n’auraient pas dit non pour rester plus longtemps au camping. Là-bas, la soirée avait commencé tôt. « Y’a Jean-Jean qui a déjà vomi », nous racontent deux gusses croisés. Ah. On espère qu’il ira mieux pour Katzenjammer. Un groupe de quatre Norvégiennes auxquelles les festivaliers n’auraient pas non plus dit non. On ne sait pas grand chose de cette formation, juste qu’elle est annoncée par l’équipe organisatrice comme l’une des possibles découvertes de cette édition.
Textes et photos : Régis Delanoë et Julien Marchand